« 15 000 € euros par an, c’est ce que j’économise en gardant mes vaches plus longtemps. » Thierry Bertot, associé à son frère Yann à Renneville dans l’Eure, a fait le calcul. « Pour la même production de lait, j’élève dix génisses de moins en moyenne que les éleveurs du département. » Dans leur élevage, 50 % du troupeau est en troisième lactation et plus parmi les 96 prim’holsteins. Une quinzaine de vaches a même dépassé les cinq lactations.
L’ambitiondes frères associés ? Préparer au mieux l’installation du fils de Thierry à leur côtés, en avril prochain. Cela ne signifie pas produire plus mais « optimiser l’existant ». « Nous voulons économiser du temps de travail, avoir des week-ends. Les jeunes ont d’autres attentes aujourd’hui. Un des leviers ? Élever moins de génisses. » Cette année, le taux de renouvellement du troupeau est de 25 %. Les vieilles vaches ne pénalisent pas la production, au contraire. « Nos primipares sont à 8 640 litres par an, contre 10 500 l pour les animaux en troisième lactation et 10 700 len cinquième lactationet plus ».
Vendre des vaches
Pour rester maîtres de leur temps de travail, Thierry et son frère Yann gèrent les effectifs de manière stricte. « On s’est fixé une limite de 96 vaches à la traite. C’est un multiple de huit, comme notre salle en 2x8 », explique Thierry. Si l’espace vient à manquer, les éleveurs n’hésitent pas à vendre des vaches en lactation. « Cela intéresse souvent des éleveurs en développement. Nous en avons vendu quatre cette année », rapporte Thierry.
L’éleveur insiste : « L’important pour faire durer ses vaches, c’est de se fixer des objectifs. » Les génisses vêlent à 24 mois pour « un nombre d’animaux improductifs le plus faible possible sur la ferme ». Tout participe à la planification sur le long terme. Les veaux femelles sont génotypés, les semences sont sexées et les vaches pleines sont systématiquement échographiées.
« Il peut arriver que je tarisse alors que mes vaches font encore trente litres, s’irrite Thierry. J’aurai aimé le savoir en amont pour anticiper. En génétique, il manque un indicateur de persistance laitière. Si vos vaches pouvaient ne faire qu’un veau tous les deux ans, cela permettrait d’éviter les troubles de santé liés au vêlage. »
Par ailleurs, l’éleveur sélectionne sur tous les critères fonctionnels, comme la résistance aux mammites. Le seul point à améliorer, les boiteries. « Nous axons le choix des taureaux sur la qualité des aplombs, nous avons une marge de progrès ».