La doyenne du troupeau a dix lactations à son actif. Au Gaec Troncin, les montbéliardes font de vieux os. Jean-Baptiste et Clément, deux frères installés à Ougney-Douvot dans le Doubs avec leur 60 laitières sont catégoriques : « Pourquoi réformer une vache qui n’a pas de soucis ? » Résultat, plus de 50 % du troupeau est en quatrième lactation et plus, pour 18 % de primipares. « C’est une exception sur le territoire. En général, il y a plus de premières lactations dans le troupeau que de quatrièmes et plus », constate Améline Guery, conseillère au Conseil Elevage du Doubs et du Territoire de Belfort.

Et cela fonctionne. Le troupeau pâture sept mois durant. Sur les 138 ha de la ferme, 119 hasontconsacrés aux prairies pour le pâturage et la fauche. Les Troncin produisent en AOP Morbier et livrent à la laiterie L’Hermitage de Clairval. Avec 630 €/1000 l en 2023, ils s’y retrouvent. Le potentielde production brutepar vache est de 6 542 l par an. « En réalité, c’est moins, car nous gardons les veaux sous la mère » (lire l'encadré), précise Jean-Baptiste, l’aîné. Parmi les vaches vieillissantes, aucunediminution significative de production ou de fertilité n'estobservée.

Réforme à 11 ans

Avec un vêlage à 3 ans, les éleveurs estiment que « réformer tôt n’aurait pas de sens ». Ils se séparent de leurs laitières à l’âge de onze ans en moyenne. Peu de problèmes de mammites, de boiteries ou de fertilité viennent freiner cette démarche. « Nous réformons une vache par an pour cause de boiterie, en cas de multiples récidives. Elle part si nous n’avons vraiment pas le choix », indique Clément. Le troupeau souffre d'une dizaine de boiteries par an. Les éleveurs font intervenir le pareur « et tout rentre dans l’ordre ». Du côté des mammites, les malchanceuses partent au bout de deux rechutes en moyenne. « Peu de vaches se baladent avec des taux de cellules trop importants », se félicite Jean-Baptiste. Et les problèmes de fertilité concernent deux ou trois vaches par an.

Cette année, dix génisses ont intégré le troupeau, un renouvellement de 17 %. « Il peut arriver qu’il y en ait moins certaines années. Le bâtiment des génisses est à 20 km, la surveillance des chaleurs est plus difficile. Mais nous venons d’installer des colliers détecteurs de chaleur », se réjouit Clément. Pour la sélection des meilleures recrues, les exploitants recourent au génotypage systématique à l’âge d’un mois. Les moins bonnes sont engraisséeset vendues à 3 ans. Pour une question de génétique, les montbéliardes sont sélectionnées sur le lait, les taux, l’aplomb, les pattes et la reproduction.