Nous sommes au cœur du Périgord noir, à Peyrignac-et-Millac, en Dordogne. Sur les terres d’Audrey Lauvie et de son frère Mathieu, paissent des vaches d’un petit gabarit à la robe noire. Il s’agit de lowlines, une race australienne. Les premiers spécimens sont arrivés sur la ferme à l’automne 2019.

« Avant leur venue, l’activité principale provenait de notre troupeau de 400 chèvres angoras. Nous travaillions avec des créateurs et nous faisions une douzaine de salons par an. La ferme des 4 vents était connue pour ses vêtements de haut de gamme en mohair », explique Mathieu, installé depuis 2011. Audrey l’aide à développer le site internet et la commercialisation. Ingénieure en sécurité de l’alimentation et microbiologiste, elle travaille pour des grands châteaux viticoles du Bordelais, mais envisage de rejoindre les terres familiales.

La race lowline, rustique et docile, s’est bien adaptée aux terres de causses du Périgord noir. (©  Claude-Hélène Yvard)

Diversification

Dès 2018, Matthieu réfléchit à une diversification. « Nous avons tout de suite pensé à produire une viande de qualité. Nous recherchions des animaux qui mangent de l’herbe d’hiver que ne touchent pas les chèvres angoras », précise Audrey, qui planche à l’époque sur son dossier d’installation. Le frère et la sœur aspirent à « quelque chose de différent » en agriculture. « Je souhaitais des animaux faciles, pas de grosses vaches. Je ne voulais surtout pas entrer dans le jeu des coopératives », explique Mathieu.

Il découvre la lowline après avoir réalisé des recherches sur l'internet. La fratrie est séduite et visite un élevage en Angleterre. L’installation de la jeune femme sera effective en mars 2020, au tout début de la crise sanitaire liée au Covid-19. La pandémie frappe de plein fouet la production de mohair (lire l'encadré). Les deux exploitants misent désormais sur la lowline pour retrouver une stabilité financière.

Après la crise du Covid, l'activité historique de laine mohair a été conservée avec un cheptel réduit à 40 chèvres angoras. (©  Claude-Hélène Yvard)

Ils sont contraints pour le moment de travailler à l’extérieur : Audrey dans la restauration et Mathieu comme entrepreneur de travaux agricoles. « L’activité mohair historique n’est plus rentable ou à peine. Nous avons encore notre clientèle de particuliers fidèles. Nous conservons des chèvres angoras pour les visites de ferme en été. Celles-ci permettent aussi de faire connaître la lowline », précise Audrey.

Sobriété et efficacité

Malgré sa petite taille, la lowline donne des carcasses de 200 à 230 kg. Cette race, née en Australie dans les années 1970 à partir de l’angus, produit une viande de qualité. « Elle est facile de manutention, rustique et précoce. Les vêlages ne posent pas de difficulté et peuvent se faire sans aide, indique l’éleveur qui cultive son propre foin. N’ayant pas besoin d’apport protéinique supplémentaire, elle consomme moins de fourrages que les races françaises. » Les deux exploitants ont actuellement 70 têtes et plusieurs taureaux.

Leurs vaches, nées en Australie, sont arrivées d’Angleterre à l’automne 2019. Il s’agissait d’une première introduction de cette race sur le territoire français. Audrey et Mathieu ont investi au départ 90 000 euros pour une quinzaine de mères et deux taureaux. La viande issue du cheptel lowline est commercialisée en direct, auprès de restaurateurs, d’artisans bouchers ou en caissettes auprès de particuliers, en France et à l’étranger. C’est Audrey, qui gère les relations avec les clients que ce soit pour la viande de bœuf ou le mohair. Leur maman, salariée à temps partiel, assure l’accueil à la ferme et une partie des ventes.

Face à la demande de certains clients, Mathieu s’est lancé dans la vente de taureaux reproducteurs et d’embryons. Cette activité représente désormais la part la plus importante du chiffre d’affaires. La génétique lowline intéresse des éleveurs étrangers. « Nous avons aidé à l’installation d’éleveurs en Italie, en Espagne et en Allemagne », se réjouissent les deux associés.