D’un côté des tracteurs et des bétaillères, de l’autre des rangées de poids-lourds. Entre les deux, un bâtiment, le cadran du Châteaumeillant, au cœur du Boischaut (Cher). C’est ici que se retrouvent les éleveurs et les négociants pour vendre environ 25 000 bovins et 14 000 ovins par an, pour un volume d'affaires de l'ordre de 38 millions d'euros. Ce lundi matin 1er septembre, c’est l’effervescence dans la salle des ventes. Mais avant d’y accéder, passage obligé par le café, haut lieu de la convivialité. « On vend nos bêtes deux fois plus cher qu’il y a trois ans en ce moment, 7 €/kg à la place de 3,5 €/kg. Ça fait plaisir après des années de galère ! », lance Thomas Desages, un des dix administrateurs bénévoles, trésorier du cadran. Après plusieurs années de baisse de volume de cheptel, le marché de la viande se porte bien. Mais cette baisse d’animaux dans la campagne, entre 1 à 3 % depuis 2021, est également synonyme de moins de volume à vendre ou à abattre. L’abattoir de Saint-Amand-Montrond, à 35 km, vient de fermer. Dans ce paysage morose, où les céréales remplacent les cheptels, comment le cadran du Châteaumeillant maintient-il ses volumes ?
Caution bancaire
Ces ventes aux enchères, une quinzaine en France, attirent pour les prix qu’elles proposent. « Notre outil fait les cotations. Beaucoup de visiteurs le lundi matin viennent simplement pour regarder les prix », note Charles Duchier, président du cadran. Créé il y a 26 ans, le cadran du Boischaut attire les éleveurs et les négociants pour la facilité de vente. La bête est amenée dans la bouverie. Un numéro est attribué à l’éleveur. Tout est anonyme. La vache passe en salle des ventes face aux acheteurs. Ces derniers peuvent aussi procéder aux enchères en visioconférence. L’éleveur peut ne pas vendre sa bête s’il juge le prix trop bas. Sinon, il repart payé comptant. Le cadran a mis une place la caution bancaire afin de faciliter les transactions.
Autre outil développé récemment, les ventes par vidéo. Un commercial du cadran vient sur la ferme pour filmer les bêtes. Les images sont ensuite projetées en salle des ventes. La majorité des animaux est destinée à l’engraissement ou à l’abattage. L’équipe du cadran (sept emplois à temps plein) organise en plus une journée par an dédiée aux reproducteurs, pour attirer de nouveaux éleveurs. « Venir ici, c’est une façon d’évaluer mes bêtes, de rencontrer des collègues… C’est un véritable outil de lien social », ajoute Charles Duchier. Les ventes finissent, les éleveurs se saluent. Ils se retrouveront lundi prochain !
(1) Lundi, vente de bovins et mardi une semaine sur deux, ovins.