Dans le contexte actuel de prix élevés, les charges limitées du tournesol rendent sa rentabilité intéressante à l’échelle de la culture, expliquant le développement rapide des surfaces ces dernières années. Mais son intérêt se calcule avant tout à l’échelle de la rotation, insiste Stéphane Cadoux, responsable du département agronomie, économie et environnement de Terres Inovia.

Sa relative résistance à la sécheresse, d’abord, la rend attirante face à d’autres cultures d’été, comme le maïs auquel on la compare souvent, explique l’expert. "On attribue cela à son enracinement, très bon lorsque la structure du sol est favorable. En cas de stress hydrique, son feuillage réduit progressivement, évitant un effondrement du rendement".

Le tournesol valorise également bien les apports d’eau, notamment les petites quantités sur sols superficiels. Il peut donc être judicieux, pour les agriculteurs y ayant accès, de réaliser un voire deux tours d’irrigation, selon Stéphane Cadoux. "On considère que l’on peut gagner en moyenne 1q/ha avec 10 mm, voire un peu plus en sols superficiels".

Enherbement maîtrisé

Autre atout, sa contribution à la gestion des adventices, notamment des graminées comme le ray-grass et le vulpin. "C’est une problématique très forte, qui se développe dans beaucoup d’endroits et en particulier dans les rotations courtes à forte porportion en céréales et cultures d'hiver", constate l’expert.

Son IFT (1) fait par ailleurs partie des plus faibles. Une enquête d’Agreste (service statistique du ministère de l’Agriculture) présentée en 2020 sur les pratiques culturales en 2017, faisait état d’un IFT, traitement de semences compris, de 2,7 : inférieur à celui du blé (5,1) ou à celui du colza (6,4). "Dans la plupart des cas, il y a une application de désherbant, bien qu’il y ait aussi pas mal de binage, rapporte Stéphane Cadoux.

Globalement, il y a peu de maladies. Mais la pression parasitaire dépend aussi des secteurs." Dans les zones historiques de production, où la culture peut revenir tous les deux ans en alternance avec du blé, les risques sont plus élevés.

Apports azotés limités

Les besoins en engrais, eux aussi, sont limités : "on compte 4,5 kg d’azote par quintal. Pour un potentiel à 30 q/ha, 135 kg sont nécessaires. Pour un même niveau de rendement, on est aux alentours des 210 kg pour du colza", présente l’expert. Les besoins sont ainsi souvent couverts par les fournitures du sol. Le cycle de la culture permet par ailleurs l’implantation de couverts, qui rend la rotation plus vertueuse. 

Les dégâts d’oiseaux représentent une grande problématique (lire page 50) susceptible de limiter le déploiement des surfaces. Le second aspect limitant "serait peut-être la marge à la culture qui reste, malgré tout, un critère de choix important, reconnaît l'expert. Avant l’explosion des cours, le tournesol dégageait rarement une très forte marge à l’hectare", ce qui a pu freiner le développement des surfaces.

« Des chances » de maintien

Une étude réalisée par l’institut technique et présentée en 2021 soulignait toutefois l’amélioration de la rentabilité de la rotation sur le long terme avec l’introduction de tournesol, d’orge de printemps ou de pois protéagineux.

"Une conclusion généralisable aux argilo-calcaires superficiels à intermédiaires, où les rotations courtes à cultures d’hiver ont dominé les dernières décennies", précisait le compte rendu. Au vu des avantages agronomiques du tournesol, dans un contexte de prix des intrants élevés et de sécheresses régulières, Stéphane Cadoux estime que les surfaces "ont des chances de se maintenir même avec un prix de la graine en repli".

(1) Indicateur de fréquence de traitement.