En France, l’année 2024 aura été particulièrement préjudiciable au tournesol. La météo pluvieuse du printemps a entraîné un repli de 8 % des surfaces, selon Agreste. Là où ils ont eu lieu, les semis ont bien souvent été tardifs. Cette situation a repoussé les dates de maturité des récoltes. La pluviométrie de ces dernières semaines et la baisse des températures n’ont fait qu’accentuer les risques de pertes pour les cultures encore sur pied. Quand elles peuvent avoir lieu, les récoltes se font avec une humidité importante entraînant des frais de séchage.
Le risque d’abandon de certaines parcelles pour excès d’eau ou plantes couchées reste important et pourrait peser sur les niveaux de production finaux. Pour le moment, les volumes sont attendus sur un niveau de seulement 1,8 million de tonnes (Mt), soit un recul de 13,7 % sur un an, selon Agreste. Ce chiffre tient compte d’une légère baisse des rendements, et pourrait être considéré comme optimiste au regard des résultats des premières coupes. La tempête Kirk a également laissé derrière elle des dégâts parfois importants dont il reste, à ce stade, difficile d’anticiper les pertes.
L’Europe centrale n’est pas épargnée
Plus à l’est de l’Europe, les récoltes ont souffert de la sécheresse et de la récente tempête Boris dont l’ensemble de l’impact reste encore à évaluer. Pour l’heure, les volumes sont d’ores et déjà attendus en repli en Bulgarie de 8 % et en Hongrie de 12 %. Seule la Roumanie bénéficierait d’une récolte en progression, mais cela ne suffira pas à redresser la production européenne attendue en recul de 8 % par rapport à l’an passé. Conséquence de ces volumes réduits, les stocks de fin de campagne plongeraient au plus bas depuis six ans, selon l’USDA. Dans ce contexte, les prix sont soutenus et progressent de 70 €/t depuis le début du mois d’octobre à Saint-Nazaire. Les cours ont atteint le niveau de 553 €/t le 18 octobre dernier et la fermeté des cours pourrait se poursuivre dans les prochains jours.
Disponibilités en huile également limitée
La graine de tournesol trouve majoritairement débouché chez les triturateurs, notamment pour la production d’huile, dont l’Europe est structurellement déficitaire. Cette dernière se tourne vers le marché mondial pour répondre à près de 40 % de ses besoins. En majorité, ces importations proviennent de l’Ukraine, premier exportateur mondial d’huile de tournesol. Cette année, l’Ukraine n’a pas été épargnée par les conditions météo : le manque d’eau cet été a été préjudiciable aux rendements des cultures automnales et notamment du tournesol. Selon l’USDA, la production de 2024 se contracte de 20 %, à 12,5 Mt. Par répercussion, les volumes disponibles d’huile pour l’exportation se réduiront d’autant, compliquant les importations communautaires. Ainsi, le marché de l’huile suit la même tendance et s’affiche au plus haut niveau depuis janvier 2023. Cela participe également à l’orientation haussière des cours de la graine.