Qui dit ferme pédagogique dit accueil d’élèves accompagnés de leurs enseignants. À la ferme du Coudray, à Saint-Germain-de-Coulamer (Mayenne), Anne-Marie Couvé a commencé par là. Avec d’autant plus d’aisance que l’enseignement a été son premier métier.
« Montrer ce que nous sommes"
Professeur en collège pendant neuf ans, Anne-Marie s’est installée en 2008, d’abord en Gaec avec son père puis avec son mari. Il y a trois ans, alors que ses filles prennent leur envol, la ferme devient « pédagogique ». Avec une exigence : « Montrer ce que nous sommes, c’est-à-dire une exploitation laitière (120 prim’holsteins) et de viande bovine (20 blondes d’Aquitaine), robotisée. »
À la ferme, l’accueil des scolaires se concentre sur une période courte, du 15 avril à début juillet, avec un pic en juin. « Ce mois-là, je reçois un groupe (entre vingt-cinq et quarante-cinq enfants) par jour, quatre jours par semaine. » Seule à préparer et mener ces visites, et toujours en charge de certaines tâches de l’élevage, Anne-Marie Couvé ne peut guère en faire plus à cette saison.
Privilégier les sensations
Pour développer l’activité, Anne-Marie s’est donc tournée vers d’autres publics et a imaginé d’autres prestations : « Viens fêter ton anniversaire à la ferme » ou « Je joue au p’tit fermier », un atelier qu’elle propose le mercredi et pendant les vacances scolaires.
L’agricultrice a également mis en place des visites « Familles », « particulièrement appréciées des grands-parents en quête d’une activité à faire avec leurs petits-enfants ». Enfin, sollicitée par des Instituts médico-éducatifs (IME), des Maisons d’accueil spécialisées (MAS) et des Ephad, elle accueille tout au long de l’année des petits groupes (quatre à cinq) d’enfants et d’adultes en situation de handicap ainsi que des personnes âgées.
Pas d’investissement particulier, si ce n’est en temps et en matière grise
Cette extension d’activité n’a pas nécessité d’investissement particulier, si ce n’est en temps et en matière grise. Face aux élèves, l’agricultrice développe une approche pédagogique, en lien direct avec le programme scolaire. « Pour les élèves de maternelle par exemple, j’ai mis en place un atelier “Empreintes d’animaux” : on va voir ceux de la ferme, on nomme l’animal, les parties de son pied, etc. Il s’agit d’observer pour comprendre. »
Avec les personnes âgées ou handicapées, l’objectif est différent : « Ce qui prime, ce sont les sensations, à charge pour moi de savoir les susciter. » Pour certains anciens agriculteurs, ce sera le plaisir d’avoir vu un robot de traite fonctionner. Pour d’autres, de caresser les veaux ou goûter les crêpes maison d’Anne-Marie en l’écoutant jouer de l’accordéon. Un autre de ses talents.