Au Pays basque, entre le pic d’Ardaza et Saint-Jean-Pied-de-Port, Fabien Hourtané et Sébastien Gorostiague élèvent à Lasse 200 brebis adultes de race manech à tête rousse sur 16 hectares, huit cochons et des abeilles pour une dizaine de ruches. Ils ont commencé la vente directe à la ferme il y a trois ans et demi. L’activité leur plaît mais, pour aller plus loin sans trop investir, ils ont intégré une offre de voyage qui repose sur l’expérience immersive du visiteur.

Mettre «en relation plusieurs habitants sur un territoire»

C’est l’agence En immersion qui élabore ce type de produit. « Notre slogan c’est “Rendez-vous en terroir inconnu”. Nous mettons en relation plusieurs habitants sur un territoire qui, bien que voisins, ne s’étaient pas encore rapprochés, pour proposer un forfait touristique, explique Loïc Sanchez, créateur de l’agence. Pour les clients, c’est la promesse de découvrir de nouvelles cultures tout en restant en France. Pour l’agriculteur, notre plus-value réside dans le fait qu’on les accompagne dans la création d’une ingénierie du voyage qu’ils n’ont pas forcément le temps ou l’expérience de réaliser par eux-mêmes. »

Concrètement, une micro-immersion, c’est trois jours et deux nuits pour vivre une expérience de découverte d’un territoire. Pour l’agriculteur, cela permet de partager la charge de travail liée à l’accueil des touristes. « Pour nous, s’inscrire dans le réseau d’En immersion présente trois avantages : la délégation de la mise en relation et des rapports commerciaux avec le client, l’organisation de l’agenda et la rémunération. J’inscris sur un planning en ligne les périodes où la ferme ne peut pas accueillir de monde parce que nous sommes totalement concentrés sur l’élevage ou la transformation », témoigne Fabien Hourtané.

Lors d’un séjour, les éleveurs font participer les gens aux travaux de l’élevage, par exemple en allant chercher les animaux à l’estive. Pour aller plus loin dans l’offre touristique, Fabien Hourtané et Sébastien Gorostiague comptent investir dans une cuisine et une salle de restauration. C’est un projet beaucoup plus lourd mais il est nécessaire pour offrir une prestation moins dépendante de la météo, assez capricieuse en montagne.

« L’agriculteur fixe son prix »

« En moyenne, l’agriculteur est payé 200 euros la demi-journée, auxquels peuvent s’ajouter les coûts variables. L’agriculteur fixe son prix. On ne le lui impose pas mais on l’accompagne dans la construction de son prix parce que nous sommes en contact plus direct avec le client final. Nous nous sommes fixé des limites pour que l’agriculteur garde son métier et ne se transforme pas en guide touristique », ajoute Loïc Sanchez. Fabien Hourtané tire aussi profit des achats dans la boutique, qui accompagnent souvent une visite.

Depuis trois ans, En immersion se concentre uniquement sur les offres pour les entreprises. Le panier moyen est plus élevé mais la construction de l’offre plus complexe. « C’est la façon que nous avons trouvée pour que les agriculteurs ne soient pas exclus des gros circuits des séminaires d’entreprises », souligne Loïc Sanchez.