En dérobée, en culture principale ou intermédiaire, le sorgho peut être implanté à divers moments dans une rotation. Comme culture principale, il se distingue par sa tolérance au stress hydrique. « Ses besoins en eau sont de l’ordre de 400 à 500 mm, soit entre 130 et 170 mm de moins qu’un maïs », précise Jean-Luc Verdier, responsable des activités sorgho chez Arvalis. Bien que valorisant bien l’irrigation, il est souvent conduit en sec. Il est destiné à des terres à potentiel moyen ou faible. C’est le cas des terres peu profondes en coteaux en Midi-Pyrénées ou en Charentes Maritimes.

Doté d’un système racinaire dense et profond, le sorgho a une capacité à extraire l’eau et les nutriments du sol qui excède celle du maïs. Ceci lui permet, en situation non irriguée, de s’en sortir mieux que le maïs ou le soja, et d’alléger la facture d’engrais. Sa forte captation de l’azote minéral du sol est par ailleurs un bon point sur le volet environnemental : « Les reliquats azotés post-récolte du sorgho sont bas », indique Jean-Luc Verdier, ce qui limite le risque de lixiviation des nitrates. En contrepartie, la quantité d’azote à fournir pour la culture de printemps suivante doit être renforcée. La conduite du sorgho est très proche de celle du maïs mais les caractéristiques biologiques de cette plante venue d’Afrique nécessitent quelques précautions.

Le choix du groupe de précocité est crucial

Le sorgho est semé à partir de la deuxième décade d’avril, dès que la température du sol approche 12 °C. Pour atteindre son objectif de rendement, le choix d’une variété adaptée à la zone climatique des parcelles et d’une densité de semis cohérente sont cruciaux (voir ci-dessus). Ainsi, dans la moitié nord de la France, une précocité trop tardive empêcherait le sorgho d’arriver à maturité. S’agissant de la densité, la règle est la suivante : plus la variété de sorgho grain est précoce, moindre sera son rendement par pied. C’est donc en augmentant la densité de ces variétés (sur le rang et en resserrant l’inter-rang) qu’on peut atteindre l’objectif de rendement. Mais point trop n’en faut : en sec, pour ne pas accentuer l’effet du stress hydrique, les densités de semis sont inférieures à celles envisageables en situation irriguée.

Petite, la graine du sorgho a besoin d’être rappuyée pour germer. « Si les conditions sont fraîches, le sol motteux ou dans le cas d’une implantation en semis direct, il faut anticiper des pertes à la levée de l’ordre de 30 % », estime Arvalis. En revanche, dans des conditions plus favorables, celles-ci avoisineront 20 %.

Attention au sorgho d’Alep

Une fois la variété et la densité déterminées, le point considéré comme épineux de la conduite du sorgho reste la gestion des adventices. À titre préventif, il est déconseillé d’en semer sur des parcelles déjà infestées par du sorgho d’Alep. Aucun produit ne sera sélectif vis-à-vis de cette adventice, trop proche cousine de la culture.

Contre les autres, de nouvelles solutions de gestion existent (1). Pour la campagne 2017, deux nouveaux herbicides à appliquer en post-semis/pré-levée sont disponibles (lire ci-dessous). En outre, associé à une gestion des adventices sur la rotation, le desherbage mécanique reste possible. Le sorgho s’y prête bien, d’autant « qu’il peut se biner assez tard », précise Jean Champion, conseiller en grandes cultures bio dans la Drôme.

Récolté « encore vert »

La détermination de la date de récolte est délicate car elle est un compromis à trouver entre une humidité satisfaisante et requérant un minimum de séchage d’une part, et une augmentation du risque de reprise d’humidité au fur et à mesure de l’avancée dans l’automne, d’autre part. « Au-delà du 10 au 15 octobre, il y a peu de chance de perdre de l’humidité », indique Jean-Luc Verdier.

Autre particularité, le sorgho se récolte alors que ses feuilles sont encore vertes. Ainsi, c’est au niveau de la panicule que les repères visuels de la maturation sont à chercher. « La maturation de la panicule se fait du haut vers le bas, à peu près à une semaine de décalage, décrit Patrice Jeanson. Lorsque la couleur des grains est homogène sur toute la panicule, la maturité est atteinte. » Néanmoins, ceci n’est qu’un repère. Prélèvement de panicule, battage et mesure d’humidité seront plus fiables.

en diversification dans les assolements

Les variétés sélectionnées permettent au grain d’atteindre sa maturité à la mi-octobre. Implanter une céréale à la suite est donc possible. Cependant, le champignon responsable de la fusariose se maintient sur les résidus de récolte du sorgho. Broyage et enfouissement sont nécessaires et les blés particulièrement sensibles – blé dur et variétés sensibles de blé tendre – seront à surveiller de près.

Hormis cette caractéristique, le sorgho est peu sensible aux maladies et ravageurs. Il contribuerait à la diminution des infestations de Verticillium sur tournesol ou de nématodes à galles en cultures maraîchères. Il peut être implanté sous serre en été avant la plantation de salades l’hiver, par exemple. Cette propriété « assainissante » serait liée à la présence de durrhine, un composé toxique du sorgho.

Inclus dans des rotations céréalières, le sorgho participe à la gestion de l’enherbement. Dans une rotation basée sur des céréales d’hiver, l’allongement de la rotation avec une culture de printemps permet une rupture du cycle des adventices automnales. Inséré entre le blé dur et le tournesol en diversification et allongement de la rotation blé dur/tournesol, il améliore la gestion de l’enherbement, voire la qualité sanitaire du tournesol. Les vivaces (chardon, liseron) sont plus faciles à gérer dans un sorgho que dans un tournesol ou un colza, pour lesquels peu de produits sélectifs existent.

Peu rémunérateur, sauf dans le cas de contrats primés pour des débouchés spécifiques, la place du sorgho dans les assolements est à considérer dans les zones où des restrictions d’eau surviennent fréquemment. Dans ces conditions, son rendement chutera moins que celui du maïs.

(1) Lire La France agricole n°3641 du 29 avril 2016, page 30.