Sur le portail de la ferme, à Gironville (Seine-et-Marne), un autocollant avec trois lettres « TCS » annonce la couleur. Depuis 1996, la ferme d’Olivier Jeannotin est en techniques culturales simplifiées. Pas de charrue, juste un décompacteur et de multiples semoirs adaptés au semis direct. Maïs, blé, orge, colza, betterave, lentille, féverole, sarrasin… font partie des principales cultures qu’il produit. Lorsqu’en 2021 son fils, Gatien, s’installe sur la ferme voisine (130 ha), ils décident ensemble de se lancer dans les oignons.

En 2021, ils rejoignent un groupe d’agriculteurs pour tester de nouvelles pratiques agroécologiques, au sein du projet Agrognon, piloté par la coopérative d’oignons BCO.

Après une paille, ils implantent un couvert multi-espèces. En 2022, ils testent le mélange préconisé par Agrognon, mais la sécheresse impacte fortement la levée. Cette année, ils ont semé, dans leurs terres argilo-calcaires, à la fin de juillet, de la phacélie, de la moutarde, du radis fourrager, des pois, du niger et des graines de chia. Cette biomasse est broyée en début d’hiver pour nourrir le sol. Quand le sol est bien gelé, ils passent un outil à dent, et si c'est nécessaire face à la pression des mulots, un décompacteur sur 20 à 25 cm de profondeur. Les résidus du couvert sont alors quasi décomposés, mais il n’est pas possible de semer avec un semoir classique. La semence d’oignon est très petite et nécessite un lit de semences fin.

Cinq rangs et non six

Les Jeannotin utilisent un semoir à disques, de la Cuma des Sarmates, un équipement acheté dans le cadre d’Agrognon et transformé par Monosem. En conventionnel, le semis se fait sur 6 rangs à 28 cm d’écart. Mais les engins de semis simplifiés ne le permettent pas. Finalement, Olivier et Gatien optent pour 5 rangs à 33 cm d’écart avec le Monosem, avec la même densité. « Les oignons sont un peu serrés, mais ils se poussent et gardent un bon calibre », précise le jeune agriculteur. Son père, qui aime innover, ajoute : « la culture de l’oignon est très technique, il faut semer à 2 ou 3 cm de profondeur et pas à 1, ni 4 cm ! ». Pour booster la levée qui est assez longue, les céréaliers ont enrobé les semences (oignons jaunes SV3557) avec un mélange naturel (cf. l'encadré).

L’azote est fractionné en deux apports, un après la levée, puis au moment de la bulbaison. Suivant les reliquats, environ 80 unités sont apportées. Olivier espère réduire cette quantité grâce à la pulvérisation de levures (Climax), qui nourrissent les bactéries fixatrices d’azote. Il le testera à la prochaine campagne.

Pour le désherbage, les producteurs utilisent un pulvérisateur sur tout le champ, à microdose. Ils passent toutes les semaines avec un mélange de trois produits (Challenge 600, Lentagran, Starane 200) lorsque les adventices sont très peu développées. Les dicotylédones disparaissent, mais il reste quelques ronds d’arroche étalée et des chardons. Pour réduire par dix les quantités d’herbicides, Olivier place ses espoirs dans la robotique. La Cuma vient d’acquérir le robot Ara d’Ecorobotix qui permet de cibler uniquement des adventices. À 50 €/ha par passage, les Jeannotin le testeront dans quelques mois. Ils vont également s’équiper de sondes capacitives pour gérer au plus près l’irrigation. « Avec ces nouveaux outils, nous espérons gagner en rendement et améliorer nos marges », conclut Gatien.