20 millions de tonnes d’aliments pour animaux produits chaque année, c’est l’ambition du Snia, le Syndicat national de l’industrie de la nutrition animale. En prenant en compte des prévisions, « l’objectif n’est pas encore tout à fait atteint [pour la campagne de 2025-2026, NDLR] mais on s’en approche. Nous sommes autour de 19,667 millions de tonnes, soit une progression de 1,1 % avec une dynamique un peu différente en fonction des espèces », a indiqué Ludovic Michel, vice-président du Snia, à l’occasion d’une conférence de presse le 13 novembre 2025.
Hormis pour les aliments destinés aux porcins (–1,5 % sur un an), la production attendue en 2025 progresse :
- De 3,6 % pour les ruminants ;
- De 1,0 % pour les volailles ;
- De 0,4 % pour les autres espèces.
« Le ciel s’assombrit un peu sur la fin de l’année et pour le début de l’année prochaine du fait de l’épisode d’influenza aviaire qui est en cours, principalement en Vendée pour l’instant, mais avec un gros risque d’extension », alerte Ludovic Michel. Si le Snia maintient son objectif de 20 millions de tonnes pour la campagne de 2025-2026, celui-ci dépendra fortement de l’évolution de la situation vis-à-vis de la grippe aviaire.
Hausse de la production d’aliments en 2024-2025
Sur la campagne de 2024-2025, la production d’aliments composés a rebondi de 0,92 % sur un an, avec 19,495 millions de tonnes. Cette reprise s’inscrit après la forte chute observée pendant la campagne de 2021-2022 où plus d’un million de tonnes avaient disparu, selon le Snia. « 800 000 tonnes étaient expliquées par l’épisode sanitaire d’influenza aviaire et 200 000 tonnes en raison de la tendance forte de décapitalisation au niveau des élevages, principalement en ruminant et en porc », explique Ludovic Michel.
Dans le détail, la progression sur la campagne de 2024-2025 est tirée par les bovins (5,525 millions de tonnes produites, +1,75 % sur un an), notamment pour les vaches laitières (+2,44 %). « La dynamique des volumes en vaches laitières est portée par un prix du lait intéressant » ainsi que « le grossissement des fermes qui entraîne des évolutions de mode de nutrition ».
En parallèle, la production d’aliments pour porcs se replie de 0,42 % sur un an, avec 4,217 millions de tonnes. Selon le Snia, cette baisse s’explique notamment par l’effritement de la production porcine en raison du départ en retraite des producteurs.
L’aliment pour volailles reprend le lead sur les autres espèces avec 41,5 % du total de la production française d’aliments, à 8,099 millions de tonnes. La hausse de la production est portée par la volaille de chair, et principalement le poulet (+4,42 % sur un an). Dans le même temps, la dynamique en poules pondeuse est en légère baisse, de 0,06 % sur un an.
Léger rebond des aliments composés en bio
En bio, la production d’aliments composés pour animaux rebondit légèrement, de 0,5 %, en 2024-2025, après les fortes baisses en 2021-2022. « Ce marché a trouvé son équilibre après l’euphorie de la période du Covid un peu tronqué par les confinements puis la crise inflationniste subie par la production bio », précise Ludovic Michel.
« Les productions correspondent au marché des débouchés et on va vers une stabilisation, légère remontée qui accompagne la remontée tendancielle du marché du bio », complète le vice-président du Snia. Ce marché est principalement porté par l’aliment pour poules pondeuses.
+17 % des coûts de production
La filière de l’alimentation animale traverse une période contrastée, entre amélioration des conditions d’achat des matières premières et hausse notable de ses coûts de production. Pour Philippe Manry, vice-président du Snia, « le prix de l’aliment vendu à nos clients […] a diminué de façon régulière depuis deux ans », atteignant aujourd’hui « des niveaux historiquement bas ». Il s’agit même « du prix le plus bas qu’on ait pu observer depuis cinq ans sur la partie coût des matières premières », insiste-t-il.
Cet équilibre favorable est néanmoins fragilisé par une hausse des coûts industriels. « Nos coûts de production ont littéralement explosé », indique Philippe Manry. L’indice Ipampa, qui mesure les coûts de production sortie usine, en atteste : « Depuis 2021, une hausse de nos coûts de plus de 17 % » est enregistrée. Le secteur affiche ainsi un résultat net de 0,7 %. Les fabricants ont besoin « de dégager beaucoup plus de résultats pour pouvoir investir ».
« Les fabricants sont là aux côtés des éleveurs avec l’ambition de participer à la souveraineté alimentaire française autour de trois objectifs : maintenir la production, répondre à la demande française et apporter des solutions sanitaires et le maintien de la biosécurité dans un contexte sanitaire complexe », souligne Philippe Manry.
L’avenir de la filière passe également par son attractivité. Le Snia souhaite « attirer des nouveaux éleveurs, des nouvelles vocations », tout en soutenant l’agrandissement des sites existants, une condition essentielle pour renforcer la production nationale. Les fabricants d’aliments affirment aussi leur volonté « d’accompagner les objectifs des différentes interprofessions ».