Le message semblait être clair lors de l’assemblée générale du Syndicat national des industriels de la nutrition animale (Snia) le jeudi 3 juillet 2025 à Paris : il faut encourager les productions animales, à l’échelle européenne. « Les interdépendances entre pays se sont intensifiées avec le temps », constate Sébastien Abis, directeur du Club Demeter et auteur du livre « Veut-on nourrir le monde ? Franchir l’Everest alimentaire en 2050 ».
Il appuie sur la puissance de l’Europe, bien plus forte que celle de la France seule. « Nous avons besoin de stocks en Europe, affirme Sébastien Abis. Et pour produire, il faut des agriculteurs et les capacités d’investir. » Selon lui, le vieillissement des outils agroalimentaires européens interpelle et nécessite « qu’on se remette à bosser. Le reste du monde a investi en masse, nous voyons notre compétitivité challengée car ils ont des outils plus modernes. »
« Il faut jouer en collectif »
En partant de ce constat, la marche à suivre est collective. « Les soubresauts [climatiques, économiques et sanitaires, NDLR] vont s’intensifier, affirme Sébastien Abis. Il faut jouer en collectif. Nous sommes dans un monde de plus en plus interdépendant, et certains disent que pour s’en sortir il faudrait s’isoler… » Pour Christophe Le Bars, directeur général du groupe Avril, « l’effort doit être systémique ». Vétérinaires, entreprises de travaux agricoles, nutrition animale… « Nous devons raisonner en filière pour tenir, car la déprise est un début de cercle vicieux », alerte-t-il.
Sébastien Abis mise donc sur un passage en force. « Produire n’est pas un gros mot », rassure-t-il. L’auteur estime que l’Europe doit choisir ses combats, notamment climatiques et productifs. « L’Europe se fixe des objectifs louables mais n’a pas forcément les moyens de le faire. »
« Viser la technicité »
Les investissements nécessaires sont alors matériels mais aussi techniques. Et encore une fois, tout se joue au niveau global. « Il faut gérer les progrès techniques à l’échelle européenne, déclare Vincent Chatelier, économiste à l’Inrae. Limiter les gaz à effet de serre par la réduction des cheptels, on a déjà donné. Il faut maintenant viser la technicité. »
Un propos que rejoint Yoann Barbe, éleveur laitier et président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL). « Nous avons du mal à faire accepter dans la filière que c’est la productivité qui permettra d’atteindre la neutralité carbone », se lasse l’éleveur.