« Jamais la situation n’a été aussi préoccupante », reconnaît François Cholat, le président du Syndicat national de l’industrie de l’alimentation animale (Snia), lors d’une conférence de presse ce mercredi 31 août 2022 à Paris. Effets du conflit russo-ukrainien, conséquences de la grippe aviaire, sécheresse, hausse des coûts de production… Le professionnel constate une « fragilité inédite » du secteur de l’élevage. « Cela engendre du découragement pour de nombreux éleveurs, avec en toile de fond, une démographie déjà préoccupante et une rentabilité écornée ».

 

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Flambée des prix

Car les prix de l’aliment ont lentement mais sûrement progressé sur les deux dernières années. « Le coût du panel de matières premières a augmenté de 80 % par rapport à janvier 2020, rapporte Ludovic Michel, vice-président du Snia. Or cela représente 85 % du prix d’un aliment fini. » Et si une stabilisation est observée depuis la fin de juin, « la situation reste explosive et peut évoluer au moindre événement géopolitique ».

 

La concurrence de la méthanisation se fait également sentir sur certaines matières premières. « 50 % des coproduits comme les drèches ou les pulpes sont courtisées par ce débouché », note François Cholat. À cela s’ajoute la flambée du coût de l’énergie. « Ce poste va doubler pour un grand nombre de fabricants, souligne Ludovic Michel. Cela peut représenter 10 à 15 € par tonne d’aliment. »

 

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« Baisse historique » des fabrications.

Dans ce contexte, le Snia redoute une poursuite de la décapitalisation des cheptels. Un mouvement « structurel en ruminants et en porcs », s’inquiète Stéphane Radet, directeur du Snia. « Quand un élevage de bovins cesse son activité, il n’y a pas de retour en arrière », renchérit Patrick Pageard, trésorier du syndicat.

 

Et cette tendance a d’ores et déjà des conséquences sur l’activité des industriels de la nutrition animale. Sur le premier semestre de 2022, les fabrications d’aliments ont chuté de 5,7 % par rapport à la même période en 2021. « Sur l’ensemble de l’année, on s’attend à un recul de 1,2 million de tonnes, précise Ludovic Michel. C’est une baisse historique. »

 

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