Le principe du blé précoce associé (BPA) est de réaliser le semis à la fin de l’été, ce qui offre à la céréale des conditions de croissance favorables et davantage de temps pour se développer avant l’arrivée de l’hiver, en fonction de l’année, bien sûr. Il en résulte un développement végétatif, notamment racinaire, plus important. La longueur de la photopériode en fin d’été favorise ce phénomène, grâce à une activité photosynthétique plus intense. La température idéale de tallage étant de 20-25 °C, le blé a également davantage le temps de produire de nouveaux brins. Cette période correspond aussi au momentoù le sol est riche en azote, avec une activité microbienne intense due aux pluies d’automne. Et si la densité de talle en fin de cycle est équivalente à celle des systèmes conventionnels, la quantité de semences nécessaires au semis est moindre, de l’ordre de 150 gr/m², un poste d’économie important.

Variétés très tardives

Classiquement, il est conseillé de réserver les semis précoces de céréales (début octobre) aux parcelles propres. Avec un risque de salissement encore plus important, le semis en fin d’été implique d’accompagner la céréale avec une plante compagne couvrante, pour limiter le développement des adventices. La méthode Bonfils, dont est inspirée la technique du BPA (voir encadré), propose de semer le blé dans un couvert de trèfle blanc. Mais d’autres couverts, basés sur les pratiques de colza associé, pourraient être envisagés, en mélange ou seuls. Certains ont été testés à l’occasion d’essais dans l’est de la France. Ils ont été suivis par Antonio Pereira, technicien de la chambre d’agriculture de Haute-Marne.

Ainsi, les crucifères semblent un bon compromis entre gestion des adventices et de l’étouffement de la céréale. Le mélange tounesol-féverole apparaît prometteur, de même que le semis direct dans des repousses de colza. Autre conclusion de ces essais : la problématique puceron demande une certaine vigilance, car le traitement de semences a un effet limité dans le temps.

Le choix de l’alternativité du blé apparaît comme un point fondamental de ces itinéraires techniques, pour éviter qu’une trop forte précocité n’entraîne la montaison avant l’hiver. Plateau de tallage large, forte densité foliaire, paille longue…, ces critères sont également importants.

Si l’idée du BPA semble prometteuse, les itinéraires techniques restent à préciser en cohérence avec les outils et techniques disponibles actuellement. La plupart des variétés modernes de blé d’hiver, résultat d’hybridation entre des blés d’hiver et de printemps, ne sont pas, par exemple, adaptées, car trop alternatives.