Le 9 décembre 2025 à Paris s’est tenue la conférence de presse annuelle de Semae, l’interprofession des semences et plants. L’occasion d’y présenter les derniers chiffres consolidés de la filière française, pour la campagne de 2024-2025.
Avec un chiffre d’affaires autour de 4 milliards d’euros, la France reste le premier exportateur mondial de semences agricoles et le deuxième en considérant l’ensemble des semences. La balance commerciale s’établit à 1,260 milliard d’euros, un chiffre en léger recul par rapport à 2023-2024 (1,299 milliard d’euros). « On reste sur une balance commerciale excédentaire et assez solide à ce stade, déclare Bruno Ferreira, directeur général de Semae. Le secteur des semences continue de voir un solde de balance commerciale positif. » Selon lui, ces chiffres sont la preuve de la « résilience » de la filière, dans un contexte où la balance commerciale du secteur agricole et agroalimentaire recule.
Effet de concentration
En 2025, les surfaces françaises destinées à la multiplication de semences sont en légère progression, de 1 % sur un an, à 380 411 hectares. Toutefois, des disparités existent entre espèces. À titre d’exemple, les surfaces en lin et chanvre progressent de 18 % quand celles des oléagineux reculent de 16 %. Ces baisses ne reflètent « pas forcément l’évolution du chiffre d’affaires des filières, prévient Bruno Ferreira. Il y a eu des évolutions en termes de valeurs sur certaines d’entre elles », précise-t-il.
Du côté du nombre d’agriculteurs multiplicateurs (16 504 en 2025), « le phénomène d’érosion » se poursuit même s’il semble avoir été moins important cette année. Les raisons sont multiples : pyramide des âges, détournement des agriculteurs au profit d’autres filières plus compétitives, difficulté d’accès aux moyens de production… En conséquence, le nombre de contrat recule (100 % de la filière de la semence est sous contrat). En revanche, leur taille moyenne augmente : « Il y a donc une concentration qui s’opère sur les agriculteurs multiplicateurs », observe Bruno Ferreira.
Sécuriser les moyens de production
Malgré des résultats parfois en léger recul, les chiffres de la filière « restent importants », juge Pierre Pagès, président de Semae. Mais selon lui, « tout cela reste fragile car le secteur est très concurrentiel et concurrencé ». Avec la question des moyens de production, auquel il se dit « extrêmement sensible ». C’est d’ailleurs un point qu’il a « souligné » à la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, à l’occasion du lancement des conférences pour la souveraineté alimentaire, le 8 décembre dernier.
« On ne peut pas parler de souveraineté sans compétitivité et on ne peut pas parler de compétitivité sans sécurisation des moyens de production, déclare-t-il. Les enjeux d’innovation et de biodiversité sont bien évidemment au centre de la réflexion, mais nous devons aussi parler des moyens de production car ils seront de fait un facteur limitant sur les stratégies qu’on mettra en place. »