La loi Egalim 1 visait une part de 20 % de produits bio et de 50 % de produits durables dans les repas en restauration collective. « Les chiffres ne sont pas atteints. La part de produits bio atteint 6 %. Même chose pour les produits durables », déplore Étienne Gangneron, vice-président de la FNSEA. Il participait, avec plusieurs acteurs de la restauration collective, à une table ronde sur la souveraineté alimentaire, organisée par la FNSEA, le 1er mars 2023 au Salon de l’agriculture. Étienne Gangneron invoque l’inflation comme une des principales raisons de cet échec, parce qu’elle a diminué le pouvoir d’achat des acheteurs.

La FNSEA avance des coûts matière de 1,80 euro : « Insuffisants pour couvrir les coûts de production. » Le syndicat demande une augmentation du budget repas de 20 centimes, passant de 1,80 à 2 euro en coût matière. À la clé, une rémunération plus juste en amont de la chaîne. « Mais les collectivités doivent jouer le jeu », juge Jean-Yves Fontaine, du Syndicat national de la restauration collective (SNRC) et directeur général d’Elior, qui rapporte que seulement 10 % d’entre elles ont augmenté leurs tarifs pour les collèges et lycées.

Acheter local et français

Dans le bras de fer entre les acheteurs et les fournisseurs, l’origine France sort grande perdante. Les collectivités préfèrent acheter des produits moins chers, quitte à les importer. « Depuis l’année dernière, l’importation de produits bios a augmenté de 21 % », s’inquiète Christiane Lambert, présidente de la FNSEA.

Les industriels pâtissent aussi des prix proposés pour fournir les cantines. « Les prix des produits transformés sont tellement bas que l’on a 10 % d’appels d’offres infructueux de plus que dans les autres secteurs non alimentaires », chiffre Frédérique Lehoux, directrice générale de l’association Geco Food Service, qui regroupe des entreprises de la consommation hors domicile. Pour certaines coopératives agricoles, la restauration collective représente 50 à 70 % des parts de marché, rapporte Jean-Pierre Arcoutel, président de La Coopération Agricole de l’Occitanie. « Le maillon est en train de craquer », s’alarme-t-il.

Modifier le code de la commande publique

Le code de la commande publique ne permet toujours pas de prioriser l’achat français, au nom de la libre concurrence des fournisseurs dans l’Union européenne. Pour sécuriser le revenu des producteurs et des transformateurs, il faudrait intégrer des clauses d’actualisation des prix dans les appels d’offres, estime Eric Juttin, responsable du marché public chez Pomona. En clair, les tarifs engagés devraient pouvoir être mis à jour si le contexte économique change.

Eric Juttin suggère aussi de démocratiser les indices RMN, c’est-à-dire les cours nationaux officiels établis par FranceAgriMer pour certains produits alimentaires. L’extension de ces indices, notamment aux fruits et légumes frais, permettrait de réguler les prix d’achat pratiqués par les cantines.