En zone périurbaine, « il est essentiel de savoir se renouveler, sans quoi vous prenez le risque de vous faire absorber », explique Marie-Christine Soudan, productrice de légumes biologiques à Beuvry, près de Béthune, dans les Hauts-de-France. Malgré la densification et une circulation difficile, la jeune retraitée est parvenue durant toute sa carrière à faire de la ville un atout. « Il faut un peu d’imagination. Mais si l’on porte attention à ce dont nos voisins urbains ont besoin, on se rend vite compte qu’on tient entre nos mains des services intéressants ».

La mémoire des anciens

À la tête d’une cinquantaine d’hectares, Marie-Christine Soudan et son époux Didier se sont lancés dès leur installation dans la vente directe. Ils ont ensuite ouvert une supérette, tout en continuant à faire les marchés. « J’aime le contact. Je suis fille d’agriculteurs, la ferme de mon enfance était très isolée, j’en ai souffert. Je ne voulais pas revivre cette situation ».

En 1995, le duo entreprend de valoriser les anciennes étables de la ferme familiale, construites en épais murs de briques. « Nous voulions respecter ce que les anciens avaient bâti. Le pôle universitaire de Béthune manquait de son côté de logements pour ses étudiants. Nous avons ainsi transformé les étables en studios et créé l’association Campus vert ».

© Les Fermiers bio - Les anciennes étables ont été transformées en studios de 30 m².

Ouvrir les fermes

Cent trente ans agriculteurs de l’Île-de-France, des Hauts-de-France et de Bretagne ont depuis rejoint l’organisme qui a pour ambition de s’étendre à l’échelle nationale. Via une centrale de réservation, les exploitants qui ont aménagé des logements dans d’anciens bâtiments de leur corps de ferme, sont mis en relation avec des étudiants, des stagiaires et des jeunes en contrat d’apprentissage. « Les loyers sont 20 à 30 % moins chers que le marché locatif de la ville voisine. Autour de Lille, ils vont de 298 euros pour un 21 m2, à 417 euros pour un plus de 40 m2 », précise la directrice de l’association, Odile Colin. Les fermes sont situées à moins de vingt minutes du centre urbain. Bien souvent, le véhicule est nécessaire. « Il arrive que les jeunes organisent entre eux du co-voiturage ».

« Ce qui est drôle dans l’histoire, reprend Marie-Christine Soudan, c’est que ma belle-fille qui faisait ses études d’ingénieur agronome est arrivée un jour à la ferme pour trouver un studio, elle n’en est jamais repartie ». Marie s’est même installée agricultrice aux côtés de leur fils, François.