Alors que depuis la fin de la crise sanitaire, la Belgique observe un regain d’intérêt des petits maraîchers pour les bâtiments anciens situés en zone périurbaine, en France, c’est le littoral qui attire. « Les futurs installés, en particulier les jeunes non issus du milieu agricole (NIMA), cherchent à s’installer sur la côte », explique l’architecte Loïc Daubas, co-gérant de l’atelier Belenfant Daubas, à Nozay, en Loire-Atlantique.

Professeur à l’école nationale d’architecture de Bretagne, il supervise le travail d’un groupe d’étudiants sur l’évolution des bâtiments d’habitation pour les agriculteurs. « La chambre d’agriculture du Morbihan qu’ils ont questionnée leur a expliqué que les NIMA étaient exigeants en matière de cadre de vie. Ils ne cherchent pas forcément à habiter sur leur ferme, pourvu que le lieu soit agréable, écoresponsable… Les étudiants ont étudié la zone du canal de Nantes à Brest, pour voir où loger ces futurs installés. L’accès au logement n’est pas simple ».

Dans les maisons d’éclusiers

La tension liée aux règlements d’urbanisme limite la construction dans les villages. Et quand un agriculteur cesse son activité, il ne souhaite pas toujours quitter sa maison. Les futurs installés ont par ailleurs du mal à s’aligner sur les prix pratiqués dans cette région touristique. « La tension risque de se maintenir pendant quelques années avant que les pouvoirs publics ne comprennent que le nœud est impossible à résoudre. On observe des situations ubuesques. » A la tête d’une grande exploitation, un agriculteur qui ne trouvait pas de repreneur a fini par la scinder en trois parties et les transmettre à trois nouveaux installés. « Seulement, comme il souhaitait rester vivre sur place, il fallait trouver de nouvelles maisons ». Pour aider les arrivants à se procurer celle de leur rêve, les étudiants se sont tournés vers des bâtiments anciens atypiques : les maisons éclusières. De Nantes à Brest, il en existe cent soixante, le plus souvent inhabitées, dont quatre dans un rayon de trois kilomètres autour de la ferme du cédant. « Le bâti ancien, même non agricole, peut concourir au renouvellement des générations ».