« Pour intégrer du pâturage en traite robotisée, le premier pas c’est d’oser ! », soutient Guillaume Crépel, conseiller spécialisé en robots chez Avenir Conseil Élevage. « Le robot associé au pâturage est un sujet avec peu d’expérience de terrain, le poids de l’habitude et la peur du changement poussant à abandonner le pâturage », poursuit le spécialiste. La seule « vraie » différence entre le pâturage en traite robotisée et en salle de traite, selon lui ? « La circulation des animaux. »

En clair, tout l’enjeu réside dans le maintien d’un « va-et-vient » constant et régulier des vaches dans le robot de traite. Peu importe le système de circulation, « tant que les vaches sont traites à toute heure du jour et de la nuit, de manière bien répartie ». Le danger à éviter ? Un attroupement à certains horaires au robot, causant des intervalles de traite non réguliers, des boiteries par station longue et par conséquent une dégradation de la production.

Générer de l’appétit

Plusieurs moyens permettent de créer du mouvement dans le troupeau. La gestion de l’alimentation est un point clé. « Il faut motiver la vache à se déplacer par l’appétit et non par la contrainte », avance Guillaume Crépel. Cela suppose une quantité de ration à l’auge limitée pour donner envie de pâturer. À l’inverse, l’herbe doit être suffisamment restreinte pour qu’elle souhaite rentrer au bâtiment. « Le pâturage tournant dynamique permet de gérer cela au mieux. Garder un œil sur la parcelle consommée permet de voir si elle est trop rasée ou un peu gâchée. Il convient d’ajuster la quantité de ration à l’auge en conséquence. »

Toutefois, l’instinct grégaire des animaux les poussera à se mouvoir en groupe. Pour créer un effet de « goutte-à-goutte » dans le troupeau, rien de mieux selon le conseiller que la « sortie sélective » du bâtiment. Certains utilisent pour cela le robot de traite comme élément de tri : seuls les animaux traits ont accès à la pâture. D’autres installent une porte intelligente à l’opposé du robot dans le bâtiment. Le risque ? « Il est plus compliqué pour la vache de comprendre qu’elle doit d’abord aller au robot pour ensuite sortir par la porte. »

Un autre écueil à éviter est d’instaurer des temps de sortie trop courts : une durée au pâturage limitante n’incitera pas l’animal à revenir. Résultat, « tout le monde sort et rentre en même temps, l’inverse de l’effet souhaité », constate Guillaume Crépel. L’idéal est donc de laisser une autorisation de sortie supérieure à 12 heures par jour, par exemple de 3 h à 17 h.