« Pourquoi n’y a-t-il pas plus de femmes en agriculture alors qu’elles représentent 50 % de la population ? interroge Julie Avril, professeure de zootechnie à l’École supérieure des agricultures (Esa) d’Angers, dans les Pays de la Loire. Parce qu’on n’a pas été sexy pour les attirer. Les inégalités de genre sont partout, mais en agriculture, on est des champions. »

Un constat qui a donné naissance à la chaire « Agricultures au féminin ». Depuis la rentrée scolaire de 2024, les étudiants de l’Esa sont sensibilisés à la question du genre pour, in fine, susciter davantage de vocations agricoles chez les femmes. « Dans nos formations jusqu’au bac + 4, on a environ 70 % d’hommes et 30 % de femmes, poursuit la professeure qui anime également la chaire. Notre devoir en tant qu’établissement scolaire agricole est donc de rendre attractive notre filière. Et on a beaucoup à faire ! »

Sensibiliser aux inégalités

Porté par plusieurs acteurs locaux, le projet est mené sur trois années. La première a permis la collecte de données, pour obtenir une base chiffrée des inégalités. La seconde, qui a débuté en septembre dernier, est consacrée à la sensibilisation. L’objectif étant d’impliquer tous les étudiants.

L'ESA veut sensibiliser ses étudiants aux inégalités de genre pour attirer davantage de femmes en agriculture. (© Philippe Noisette/ESA)

« Nous venons de tester un atelier ‘libérer la parole’ avec une classe en BTS production animale ayant déjà réalisé la formation d’apprentissage en exploitation, détaille Julie Avril. Les uns après les autres, ils ont relaté leur expérience. Et ce qu’ont mis en avant les femmes était à l’opposé des hommes. »

Bilan, les étudiants n’avaient pas le même discours avant et après l’atelier. « Ils ont pris conscience, en écoutant leurs homologues féminines et en voyant leurs émotions, que certaines choses devaient évoluer si on voulait que les femmes aient envie de s’installer. En 2 heures, on a réussi à semer une petite graine. »

L’année prochaine, pour sa dernière ligne droite, la chaire travaillera sur l’attractivité de la filière à destination des femmes. « Mon objectif, termine Julie Avril, est qu’il n’y ait plus besoin de ce projet à la fin des trois années.