Selon les zones de production, la grosse altise peut présenter une résistante aux pyréthrinoïdes. À cela s’ajoute le retrait de molécules : dernier en date, le phosmet (décembre 2022). La lutte chimique contre ce ravageur du colza s’est donc fortement complexifiée. Et côté alternatives, l’homologation définitive du cyantraniliprole (Minecto Gold) est attendue au plus tôt pour 2025.

Pour le moment, elle a obtenu une première dérogation 120 jours jusqu’au 12 février prochain sur les départements touchés par la résistance. « Sur le volet "ravageurs", on ne trouvera de solutions qu’en construisant des méthodes de lutte à partir gros back-up de connaissances », insiste Franck Duroueix, expert stratégique protection intégrée des cultures et responsable cellule intrants et biocontrôle chez Terres Inovia.

Leviers agronomiques, génétiques… Différentes pistes sont donc étudiées. Parmi celles-ci, on trouve aussi les phéromones. En effet, ces dernières ont montré un intérêt pour remplacer les insecticides de synthèse dans plusieurs filières (vigne, verger, zones non agricoles). Elles sont en outre sélectives, sans résidus, sans développement de résistance, et d’une totale innocuité. La société M2i, a à ce titre contacté Terres Inovia et le Faso (voir encadré) pour développer un projet autour de la messagerie chimique sur grosses altises du colza. Cela a donné naissance au projet « Gax ».

Initié en juillet 2019, il s’est achevé en juin dernier : quatre années de travaux, qui ont visé à identifier des voies de lutte biologique par phéromone contre ce ravageur de début de cycle du colza. « Il y avait toutefois beaucoup d’incertitudes dans la bibliographie concernant la biologie de l’altise d’hiver. Il a donc fallu affiner davantage nos connaissances. À ce titre, nous avons également travaillé avec le laboratoire d’éco-entomologie d’Orléans, informe l’expert. Cela a permis d’avoir une meilleure connaissance du coléoptère et ainsi de réfléchir encore mieux à la conceptualisation de méthodes de lutte. »

Stratégie push ou push pull

Le projet a ainsi permis de déterminer la présence de 4 molécules composants un mélange phéromonal complexe. Les essais d’attractivité des composés ont montré une certaine efficacité de l’un des composés. Le mélange phéromonal a aussi été testé. Si aucune baisse des effectifs adultes n’a été notée, les analyses laissent penser que le mélange aurait été plutôt répulsif. « Ce résultat ouvre la voie sur une stratégie de lutte de type push, voire push-pull (1), particulièrement adaptée aux grandes cultures », jugent les trois partenaires.

Une analyse de COVs (composés organiques volatils) émises par les plantes crucifères en zone d’estives a aussi permis d’ouvrir d’autres pistes qui pourraient constituer des candidats dans une stratégie push-pull. Le projet Gax va donc se poursuivre au travers du plan d’action de sortie du phosmet (voir encadré), avec notamment la phase d’évaluation au champ de ces pistes de messagerie chimiques. Y seront étudiées les kéromones (COVs), mais aussi les phéromones.

(1) Stratégie utilisée pour repousser les ravageurs (Push) de la culture cible et/ou les attirer (Pull) vers un endroit où ils peuvent être neutralisés.