Après Marc Fesneau et Christophe Béchu le 3 mai 2023 dans le cadre du plan eau annoncé par Emmanuel Macron, Sébastien Windsor, président de Chambres d’agriculture France, Antoine Gatet, vice-président de France Nature Environnement (FNE), et Alexis Guipart, membre du réseau « eau » de FNE, ont répondu le 24 mai 2023 aux questions de députés pour la commission du développement durable de l'Assemblée nationale.

Pas de consensus

Cette audition « constitue une suite dans le cadre de nos travaux sur la politique de l’eau. […] Elle doit permettre de nous éclairer sur le sujet très sensible des bassines, a présenté Jean-Marc Zulesi, président de la commission. Nous avons d’ailleurs lancé les travaux d’une mission d’information sur l’adaptation de la politique de l’eau au défi climatique. »

Sans grande surprise, pas de consensus entre les deux parties, qui ont opposé leurs réponses sur tous les sujets, ou presque : seule la question de l’artificialisation des terres a semblé resserrer un maigre lien, chacun rappelant, à sa manière, sa responsabilité dans le manque de réinfiltration de l’eau dans le territoire.

« Trop d’eau, ça n’existe pas »

« Je voudrais rappeler que l’utilisation et la construction de ces réserves sont encadrées, a commencé Sébastien Windsor, parfois accompagné le temps de son allocution, par des mouvements réprobateurs de son voisin Antoine Gatet. Aujourd’hui, on n’est pas sur la création de réserves pour augmenter les utilisations, mais pour substituer des prélèvements qu’on fait souvent dans les nappes phréatiques. Certaines de ces réserves sont alimentées par du captage en hiver dans des périodes de crues, certaines peuvent l’être effectivement aussi par des nappes, mais des nappes de surface. Ce qui se traduit souvent pas une amélioration d’un point de vue environnemental, puisqu’on ne pompe pas dans ces nappes en été. »

Ce à quoi Alexis Guipart a répondu : « L’eau surabondante l’hiver, c’est une vue de l’esprit. Trop d’eau pour les milieux, ça n’existe pas », expliquant par exemple l’intérêt des crues. « Donc ce n’est pas open bar l’hiver, c’est beaucoup plus complexe. Et la fragilité de la ressource existe aussi en cette saison, pendant laquelle les pluies peuvent parfois se trouver peu abondantes. Deuxième point très important, l’eau qui part à la mer n’est pas perdue contrairement à ce que l’on peut souvent entendre. »

Et Antoine Gatet d’ajouter : « On considère, en particulier, sur les bassines, que les autorisations qui sont délivrées par les préfets font passer avant tout des intérêts économiques locaux immédiats, sans prendre suffisamment en compte les problématiques connues et partagées sur la disponibilité de la ressource. […] Aujourd’hui sur la Région Poitou-Charentes, la FNE a des contentieux contre 93 bassines. C’est quelque chose de systémique. »

Le maïs dans le viseur

Le maïs, incontournable du sujet bassines, est rapidement arrivé dans la discussion. « Les territoires où il y a de grandes tensions sont essentiellement des territoires où la maïsiculture est intensive, et pourtant il y a une place pour les maïsiculteurs en France car une majorité n’irrigue pas », a lancé Antoine Gatet. Ce à quoi Sébastien Windsor a répondu : « Dans les années 2000 dans les Deux-Sèvres, 80 % de l’eau d’irrigation étaient utilisés pour le maïs. Aujourd’hui, on est rendu à 35 %. »