Accompagné par le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, le président de la République, Emmanuel Macron, a détaillé le 30 mars 2023 à Savines-le-Lac (Hautes-Alpes) les 53 mesures du plan Eau pour la France. Ce plan a été annoncé il y a quelques mois, mais sa présentation a été maintes fois repoussée.

Au-delà de la volonté de préparer l’été prochain, Emmanuel Macron a comme objectif d’atteindre 10 % d’économie d’eau dans tous les secteurs d’ici à 2030. Un plan de sobriété sur l’eau devra être présenté par chaque secteur avant l’été.

Pour cela, cinq axes sont prévus :

1. Faire des économies d’eau dans tous les secteurs dans la durée. Une nécessité « alors qu’à l’horizon de 2050, les études scientifiques montrent que le changement climatique pourrait nous priver de 30 % à 40 % de l’eau disponible dans notre pays », souligne l’Élysée.

2- Planifier les usages de l’eau et les transformations de notre modèle agricole :

« L’ambition est d’accompagner le développement de l’irrigation sur de nouveaux territoires par une baisse de la consommation individuelle et une adaptation des filières », développe la présidence de la République.

Un diagnostic eau, sols et adaptation sera intégré aux aides à l’installation pour tout nouveau jeune agriculteur. Par ailleurs, 30 millions d’euros supplémentaires vont être mobilisés à partir de 2024 pour équiper les agriculteurs de systèmes d’irrigation plus économes en eau.

« Est-ce que les filières d’aujourd’hui sont encore adaptées au climat de demain ? a questionné le président de la République. […] Il est évident qu’on aura des territoires qu’il faudra orienter vers d’autres schémas agricoles. Les sols sont en train de changer, le système climatique change, nous devons donc adapter nos systèmes de culture. Si on ne le fait pas, on met en risque notre souveraineté alimentaire. »

Dans ce cadre-là, « les pratiques de stockage de l’eau devront évoluer », soutient l’Élysée. Un fonds de 30 millions d’euros pour l’hydraulique sera débloqué pour faciliter l’utilisation des ouvrages existants et améliorer l’infiltration dans nos nappes phréatiques.

« Si la construction d’un nouvel ouvrage de stockage est nécessaire du fait des particularités de certains territoires, l’ouvrage devra répondre aux objectifs suivants, dans le cadre des PTGE (projets territoriaux de gestion de l’eau) » :

  • Être parfaitement aligné sur les données scientifiques prospectives, incluant les impacts du changement climatique;
  • Être partagé pour contribuer également à la préservation de la biodiversité et à d’autres usages;
  • Être conditionné à des changements de pratiques significatifs : économies d’eau et réduction des pesticides.

Emmanuel Macron a insisté : « L’eau est indispensable à l’agriculture et elle indispensable à notre souveraineté alimentaire. Nous allons avoir plus de surfaces irriguées dans les prochaines années, c’était une évidence. […] Mais on doit faire plus d’irrigations avec la même quantité d’eau que nous utilisons aujourd’hui, car on ne doit pas plus prélever ». Autrement dit : « Il faut tout faire pour réduire cette irrigation par des meilleures pratiques. »

3. Recycler et réutiliser les eaux usées

L’ambition d’Emmanuel Macron est de passer de 1 % à 10 % de réutilisation des eaux usées d’ici à 2030, c’est-à-dire à 300 millions de mètres cubes. Ceci grâce à la mise en place de 1 000 projets en cinq ans en lien avec les collectivités territoriales. Une simplification administrative est prévue pour faciliter le développement de ces projets.

4. Lutter contre les fuites et moderniser les réseaux : 100 millions d’euros seront mobilisés pour résorber les fuites de 170 points noirs.

Les efforts de sobriété des usages, de rénovation des réseaux, de réutilisation des eaux usées ou encore sur la qualité de l’eau, seront accompagnés dans la durée : au total, près de 500 millions d’euros supplémentaires seront mobilisés chaque année, via les agences de l’eau, pour mettre en œuvre ces ambitions. « Le plafond de dépense des agences de l’eau sera supprimé, ce qui leur permettra de venir cofinancer avec les collectivités, toutes les actions permettant de s’adapter aux conséquences du changement climatique », décrit l’Élysée.

5. Mettre en place d’une tarification progressive et incitative de l’eau

« Les premiers mètres cubes seront facturés à un prix modeste, proche du prix coûtant, pour tout le monde : cela correspond à l’eau dont nous avons pour couvrir nos besoins essentiels, explique la présidence de la République. Au-delà d’un certain niveau, qui ne correspond plus à un usage sobre de l’eau, le prix du mètre cube sera plus élevé. »