L’arrêté définissant les « points de prélèvement sensibles » est « attendu en consultation publique avant la fin de l’année 2025 », indique Garance Siestrunck, chargée de mission Gestion de l’eau aux Chambres d’agriculture France, le 25 septembre 2025. Ces derniers ont été introduits dans la nouvelle directive européenne sur l’eau potable, votée en 2020 et actuellement en phase de transposition. Ils s’ajoutent aux 1 100 captages « prioritaires » déjà identifiés dans les schémas directeurs d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE).
La définition de ces points de captage sensibles fait l’objet de travaux au sein du Groupe national captage, qui s’est réuni le 23 septembre 2025. Doivent notamment être définis les indicateurs pris en compte et les seuils appliqués. Une première proposition « avait entraîné une forte opposition syndicale » qui craignait « qu’une part importante de la surface agricole utile française soit concernée », rapporte Garance Siestrunck. Les travaux « ont repris en début d’année 2025 », ajoute-t-elle.
Un million d’hectares de « cultures stratégiques » concerné
Les collectivités responsables de la production d’eau potables, qui seront chargées d’identifier ces captages sensibles, devront compléter leur plan de gestion de la sécurité sanitaire des eaux (PGSSE) par un plan d’action. « Les mesures de ce plan pourront être rendues obligatoires par le préfet, via le dispositif des zones soumises à contraintes environnementales », explique Garance Siestrunck.
Dans un courrier du 18 septembre 2025 adressé au Premier ministre Sébastien Lecornu, publié par Contexte, les associations spécialisées grandes cultures de la FNSEA (l’AGPB, l’AGPM, la CBG, la Fop et l’UNPT) assurent que ces nouvelles références de classement des zones de captage entraîneraient « la mise en œuvre de mesures radicales sur de vastes surfaces agricoles. » Ils craignent l’interdiction ou la forte restriction de certains moyens de productions pour un ensemble de cultures (blé, maïs, betterave, pomme de terre, colza), « sur plus d’un million d’hectares ».
Besoin d’un accompagnement financier
Les associations spécialisées de la FNSEA dénoncent une « application maximaliste du principe de précaution » et appellent à ne pas confondre « pollutions historiques », héritées de pratiques anciennes (chloridazone, chlorothalonil, atrazine…) et pratiques actuelles « déjà raisonnées et en amélioration continue. »
Elles préviennent qu'« aucune interdiction sans solution économiquement et socialement viable ne peut être envisagée », et demandent un plan de soutien pour « accompagner les efforts de transition de la production ». « Si des évolutions sont requises, elles ne peuvent reposer sur la seule contrainte réglementaire, elles doivent être rendues possibles et soutenables », insistent-elles.