« Les autorités policières ont procédé à des dizaines d’arrestations dans le cadre du scandale de l’Opekepe », l’organisme grec chargé du versement des aides agricoles européennes, selon la police qui précise que, dans un premier temps, 37 personnes ont été interpellées. Des arrestations ont été effectuées à Athènes, Thessalonique, en Crète et dans d’autres régions dans le cadre d’une opération en cours, selon la police.

Une enquête de l’Union européenne a révélé un abus généralisé des fonds distribués par l’Opekepe, qui, selon le gouvernement, verse plus de trois milliards d’euros par an, principalement sous forme de subventions à 680 000 agriculteurs.

Le scandale a été révélé en mai 2025 lorsqu’une enquête du parquet européen a été rendue publique et que les locaux de l’Opekepe ont été perquisitionnés. Les enquêteurs européens avaient alors indiqué qu' « un nombre important » de personnes avaient obtenu des versements d’argent après de fausses déclarations sur la surface de leur parcelle ou sur le nombre de bêtes qu’ils possédaient.

70 millions perdus « pour les vrais agriculteurs »

En visite en Grèce en octobre 2025, la procureure en chef du Parquet européen, Laura Kövesi, a assuré que « pendant des années, des criminels, aidés par des fonctionnaires et des hauts responsables, ont détourné l’argent européen ». « Opekepe est devenu un acronyme de la corruption, du népotisme et du clientélisme », avait-elle aussi dénoncé.

La fraude a commencé à la suite d’un changement dans la Politique agricole commune en 2014. Le cadastre grec à l’époque était terriblement incomplet, ce qui signifiait que la propriété d’une grande partie du pays était incertaine. On estime que les vrais agriculteurs ont perdu 70 millions d’euros par an. « Cet argent était censé aider les agriculteurs honnêtes et travailleurs ainsi que leurs familles à cultiver cette belle terre. Pas à payer des villas, des voitures de sport, et Dieu sait quoi d’autre », s’était indignée Laura Kövesi.

Les affaires les plus surprenantes en cours d’investigation concernent des pâturages déclarés sur des sites archéologiques, des oliveraies dans un aéroport militaire ou encore des plantations de bananes sur le mont Olympe.

L’affaire a tourné au scandale, entraînant la démission d’un ministre, du directeur de l’Opekepe et deux autres hauts responsables, ainsi que la dissolution de cet organisme.

« Grand danger » de remise en question des fonds

Le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis avait assuré début septembre que « les fonds ont déjà commencé à être récupérés ». Il a souligné que la fraude a commencé en 2016, avant son arrivée au pouvoir en 2019.

Le Premier ministre a averti le 22 octobre 2025, dans une interview à la radio, qu’il existait un « grand danger » que les fonds de l’Union européenne destinés au secteur agricole en Grèce soient « remis en question » si l’affaire n’était pas résolue. « Quel que soit le coût politique, je ne reculerai pas d’un (pouce) », a-t-il soutenu.

D’après une enquête initiale, la fraude est estimée à au moins 23 millions d’euros et plus de 1 000 cas de versements frauduleux.