À quel point le virus de la peste porcine africaine (PPA) est-il résistant dans l’environnement ?

Le virus est reconnu pour sa stabilité exceptionnelle dans l’environnement. Il peut survivre pendant de longues périodes dans les produits d’origine porcine, comme la viande, les carcasses ou les déchets alimentaires, y compris les produits de la viande de porc. Le virus résiste également au froid. La congélation ou la réfrigération ne l’inactivent pas et il n’est détruit qu’après exposition à des températures élevées, au-delà de 70°C, pendant un certain temps.

De plus, il peut rester infectieux sur des surfaces sèches, dans les sols, les déjections ou même la paille contaminée. Cette capacité à survivre en dehors de l’animal-hôte rend le virus particulièrement difficile à éliminer une fois introduit dans un environnement.

Compte tenu de sa résistance, quelles mesures permettent de prévenir l’introduction du virus de la PPA en élevage et d’assurer un nettoyage efficace après un vide sanitaire ?

Nous insistons sur l’importance cruciale de la biosécurité pour prévenir son introduction dans les élevages. Cela implique un strict contrôle des mouvements, que ce soit des animaux, des personnes, des véhicules ou du matériel. Il est essentiel de limiter l’accès aux exploitations, de désinfecter systématiquement tout ce qui entre ou sort, et de veiller à l’origine sanitaire des porcs introduits. L’utilisation de déchets alimentaires contenant des produits d’origine porcine, même cuits, doit être totalement proscrite.

En cas de suspicion ou de confirmation de la maladie, un vide sanitaire s’impose, suivi d’un nettoyage et d’une désinfection rigoureux des bâtiments et du matériel. Ce processus doit être accompagné d’un temps de latence suffisant avant la réintroduction d’animaux, permettant de s’assurer que le virus a bien été éliminé de l’environnement. La rigueur de ces pratiques conditionne la capacité à éviter toute réinfection.

Emmanuelle Soubeyran est la directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé animale (OMSA). (©  Patrice Lariven)

Quelles sont les principales mesures de prévention contre la PPA au niveau européen et international ?

À l’échelle internationale, l’OMSA coordonne les efforts de prévention en assurant la surveillance mondiale de la PPA et en fournissant des normes sanitaires reconnues grâce aux efforts de coordination régionale déployés par le GF-TADs (Initiative mondiale pour les zoonoses, visant à prévenir, détecter et contrôler les maladies animales transfrontières) et le SGE (1).

Tous les cas de PPA doivent être notifiés obligatoirement par nos membres, ce qui nous permet de suivre en temps réel l’évolution de la maladie. Nous encourageons la mise en place de plans de prévention nationaux alignés sur notre code sanitaire pour les animaux terrestres.

En Europe, des mesures complémentaires ont été mises en œuvre de façon concertée, notamment la surveillance renforcée des sangliers sauvages, l’instauration de zones réglementées pour limiter les mouvements d’animaux et de produits depuis les zones infectées, ainsi qu’un encadrement strict de la chasse et du transport. La sensibilisation des éleveurs, des vétérinaires, des chasseurs et des transporteurs est également un pilier important des politiques européennes de prévention. Une réponse efficace repose nécessairement sur une approche régionale intégrée, dans laquelle nous jouons un rôle de coordination et de conseil.

Où en est la recherche vaccinale ?

Les premières normes pour la production de vaccins contre la PPA ont été adoptées en mai 2025 par l’Assemblée mondiale des délégués de l’OMSA. À ce jour, aucun vaccin contre la PPA n’est encore officiellement commercialisé pour un usage à grande échelle, mais trois vaccins ont reçu une autorisation de mise sur le marché par certains de nos membres et plusieurs sont en cours d’évaluation. Plusieurs prototypes de vaccins, notamment des vaccins vivants atténués issus du génie génétique, ont montré des résultats prometteurs lors d’essais précliniques et de tests sur le terrain. Néanmoins, la mise au point d’un vaccin efficace et sûr reste complexe.

Nous soulignons que seuls des vaccins conformes à ces normes, approuvés par une autorité réglementaire nationale, doivent être utilisés. L’OMSA met en garde contre les vaccins de mauvaise qualité, qui peuvent non seulement être inefficaces, mais aussi entraîner des risques sanitaires supplémentaires. Enfin, même en présence d’un vaccin efficace, la vaccination ne doit jamais se substituer à des mesures de biosécurité strictes et à une stratégie globale de prévention et de contrôle.

Nous espérons qu’un vaccin sûr et efficace pourra voir le jour dans un avenir proche, car il représenterait une avancée majeure pour le contrôle durable de la maladie.

(1) Groupe d’experts mis en place en 2014, sous l’égide du GF-TADs, visant à renforcer la coopération entre les pays touchés par la PPA pour une stratégie de lutte collaborative et harmonisée à l’échelle européenne.