« La conviction qui est la nôtre, c’est qu’il faut produire, assumer de produire, produire pour nourrir, pour nourrir les Français et les Européens, et aussi pour exporter. » Tel est le message qu’a adressé Emmanuel Macron à la presse ce samedi 22 février 2025 à quelques minutes de l’inauguration du Salon international de l’agriculture.
Sur le ton de l’apaisement
Avant d’aller déambuler dans les allées du parc des expositions de la porte de Versailles, le président de la République met en avant le travail de ses gouvernements successifs, comme la loi d’orientation agricole. « Elle donne une orientation pour l’avenir agricole, l’installation, et la transmission », défend Emmanuel Macron.
L’inauguration chahutée du Salon l’an dernier reste dans les mémoires. Sur le ton de l’apaisement, le chef de l’État reconnaît les difficultés des agriculteurs. « On sait […] qu’il y a une souffrance dans certains territoires, dans certaines filières. D’autres réussissent bien. Et je le dis pour les jeunes qui veulent s’installer, il y a de l’avenir dans notre agriculture. » Car les chiffres sont là, et Emmanuel Macron les rappelle : la moitié des agriculteurs prendront leur retraite dans les années à venir.
Lever les freins
Nombre de représentants et d’éleveurs ayant croisé le président pendant la déambulation ont exprimé leurs inquiétudes concernant la souveraineté alimentaire. « Notre filière fonctionne bien, mais elle a besoin d’investir, voire de se restructurer », souligne par exemple le secteur porcin. Pour ce faire, la filière n’a pas besoin d’argent. Ce qu’elle souhaite, c’est pouvoir agir rapidement et mener les projets d’installation et d’agrandissement à terme.
Selon les interlocuteurs d’Emmanuel Macron, les procédures administratives sont complexes et vont au-delà des normes européennes. La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, partage ce constat : « Il est très difficile d’installer une porcherie. L’acceptabilité sociale n’est plus là, et il existe tout un lot d’idées reçues sur l’élevage. » [...] « Nous sommes considérés comme des industriels alors que nous sommes des éleveurs », souligne un producteur.
L’exportation, « force de notre agriculture »
De nombreux échanges dans les allées ont également porté sur l’importance des exportations, l’un des sujets phares d’Emmanuel Macron cette année. « Notre agriculture, nos industries agroalimentaires, sont de grandes filières exportatrices de la France, lance-t-il. Il faut les défendre, les rendre encore plus compétitives pour qu’elles puissent conquérir de nouveaux marchés. »
Interrogé à plusieurs reprises sur la menace américaine d’imposer des droits de douane sur de multiples produits européens, le président de la République promet d' « apaiser » le débat avec son homologue Donald Trump. Une rencontre est prévue lundi 24 février à Washington. Selon un représentant des produits laitiers, « quelques pourcentages de droits de douane supplémentaires » mettraient sa filière en difficulté.
« Notre agriculture est dans une transition »
Le Président met aussi en avant le changement climatique et les tensions géopolitiques. « Notre agriculture est dans une transition de ses modes de production. » Et à la demande de Jeunes Agriculteurs de construire un plan de défense de l’agriculture française, il promet un plan d’avenir « qu’on aura l’occasion dans les semaines qui viennent, d’exposer ».
« Nous sommes dans une transition climatique, on le voit dans beaucoup de territoires. On est dans une transition aussi des usages, du rapport à l’alimentation, de transition géopolitique. Et donc tout […] nous amène à redonner un cap à notre agriculture, surtout avant des mois suivants qui conduiront à négocier la prochaine Pac. »