Après une marche dans Paris, les agriculteurs venus de toutes les régions et rassemblés à l’appel de la FNSEA et de Jeunes Agriculteurs se sont massés devant l’entrée du Salon de l’agriculture le vendredi 23 février 2024. Ils ont amené avec eux leurs panneaux « tête à l’envers » qu’ils ont fixés sur les grilles du parc des expositions.

Un président très attendu
C’est l’annonce du grand débat en présence notamment de représentants des Soulèvements de la Terres qui a attisé la colère des manifestants. « Ce qui s’est passé avant-hier, avec l’annonce que l’on pourrait échanger avec des gens qui viennent détruire nos biens, qui viennent jeter le discrédit sur nos forces de l’ordre, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase », explique Arnaud Rousseau, président de la FNSEA. Le grand débat a depuis été annulé.

Malgré la fatigue et les températures peu clémentes, les agriculteurs ont passé la nuit à la Porte de Versailles. À plus d’une heure de l’ouverture du salon, ils étaient environ 200 rassemblés devant les portes du parc des expositions, pour attendre le président de la République, dont la venue est prévue le samedi 24 février pour inaugurer cette « grande fête agricole ».
Mais Arnaud Rousseau prévient qu’Emmanuel Macron est très attendu et que sa visite ne sera pas une « balade de santé ». « Je sais qu’il y a des gens en colère qui ont des choses très concrètes à dire au président », souligne le président de la FNSEA, qui dit espérer que tout se passe le plus possible dans l’ordre.
Une matinée sous tension
À 8 heures, une heure avant l’ouverture officielle du Salon, la sécurité a été débordée et les manifestants ont finalement forcé l’entrée du parc des expositions.

Les agriculteurs ont ainsi pu s’installer dans les allées. Ils ont entonné une Marseillaise sous les yeux des services de sécurité. De nombreux « Macron démission », raisonnaient aussi.
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Des agriculteurs ont forcé des barrages de CRS et se sont attaqués au stand de la Commission européenne. Emmanuel Macron a fermement condamné les violences. « Nos agriculteurs savent ce que c’est que le désordre, je pense qu’ils ont à cœur de ne pas le faire subir aux autres », a insisté le chef de l’État. « C’est le bordel, des trucs ont été détruits » s’est-il agacé.
Le Salon de l’agriculture a finalement ouvert ses portes aux alentours de 10h30 avec une heure et demie de retard, à exception du hall 1 « qui ouvrira ultérieurement en fonction de la situation », ont indiqué les organisateurs du salon.
Le hall 1, dans lequel se déroulaient les manifestations est resté fermé aux visiteurs jusqu’à 14 heures. Deux ambiances bien distinctes se côtoyaient dans le Salon de l’agriculture. D’un côté des manifestants prêt à en découdre dans le hall 1 et de l’autre des familles de visiteurs qui profitaient du calme. Certains curieux s’approchaient même des forces de l’ordre.
Les tracteurs des manifestants ont quitté la Porte de Versailles vers 15 heures.
Des attentes concrètes
Les attentes des agriculteurs sont grandes et ils espèrent que la visite d’Emmanuel Macron apportera des solutions concrètes. « La colère que nous montrons, elle doit se traduire dans un projet pour l’agriculture », insiste Arnaud Rousseau. « On demande au gouvernement un véritable changement de logiciel », ajoute Hervé Lapie, secrétaire général de la FNSEA.
Dans les rangs des manifestants de nombreuses revendications concernent la rémunération des agriculteurs. Jean Lefèvre, adhérent à la FDSEA de l’Oise, veut des « prix qui correspondent à notre production ». Il propose également l’idée d’une taxe à l’entrée des produits étrangers. « Soit on met une taxe soit on interdit, on réclame de la cohérence », abonde Alexis Hache, agriculteur dans le Val-d’Oise. De son côté, Stéphane Chopin, éleveur bio dans l’Aisne, regrette que les industriels ne jouent pas le jeu.