En décembre dernier, Abel Caubios a entrepris son quatrième voyage humanitaire vers l’Ukraine. À 64 ans, cet éleveur, naisseur engraisseur de porcs à Montaner dans les Pyrénées-Atlantiques n’a pas froid aux yeux : il part en camionnette, parcourt 3 300 km pour atteindre le poste frontière de Medika en Pologne et poursuit si possible jusqu’à la région de Kirovograd (centre-est de l’Ukraine). L’objectif est de livrer en main propre l’association Les volontaires de la forêt noire (lire l'encadré) dont quelques membres sont… des anciens stagiaires !

« Dans les années 1990, je suis allé en Ukraine plusieurs fois en tant que formateur dans le cadre d’actions d’amélioration de la production porcine et de l’alimentation animale, révèle Abel. Puis nous avons accueilli des stagiaires sur l’exploitation lors d’échanges entre l’université locale de Kirovograd et le centre de formation agricole (CFPPA Montardon). J’ai gardé quelques contacts, comme Alexis, agriculteur ukrainien chez qui ma fille Anne a fait un stage en 2012, lors de son BTS agricole. »

Premier voyage dans l’urgence

En février 2022, quand ils apprennent l’invasion russe, Anne et Abel appellent spontanément Alexis : « Peut-on vous aider ? » Et Alexis de répondre : « Il nous manque une fourgonnette pour ravitailler des militaires ». Sans se démonter, père et fille répliquent : « Nous allons trouver ça ! »

« Nous ne pouvons pas rester sans rien faire. Nous devons les aider. »

L’aventure commence, dans l’urgence : acheter une camionnette d’occasion, collecter des biens, organiser le trajet, livrer, rentrer par avion et… poursuivre l’action. Ils montent une association (1), se connectent à d’autres structures caritatives, font appel à la générosité de chacun pour, tous les trois mois environ, entreprendre un voyage…

Abel se sent très reconnaissant envers Pauline, salariée de l’exploitation « qui en mon absence, assure la continuité de l’élevage », mais reste très modeste sur l'action qu'il mène, tout comme sa fille Anne qui l'a accompagné lors du troisième trajet.

Dans le salon de la ferme familiale encombré de colis de vêtements et de couvertures, père, fille et amis s’investissent. Généreux, ils ne se contentent pas du travail accompli : « Les Ukrainiens que nous connaissons veulent leur indépendance. Ils gardent l’espoir de gagner. Depuis octobre, parvenir au village est devenu très compliqué, avec de nombreux barrages militaires, des risques de bombardements très réels. Mais nous ne pouvons pas rester sans rien faire. Nous devons les aider » concluent-ils, convaincus.

(1) Solidarité Adour Pyrénées Ukraine Kirovograd, https://sapuk.acs65.fr/