Pourquoi avoir interpellé le président de la République dans une lettre ouverte au sujet des contrôles pendant la floraison des vergers ?
« C’était pour éviter qu’un des nôtres attente à sa vie à la suite d’un contrôle injustifié de l’OFB. Car les arboriculteurs sont à bout, avec des niveaux de contraintes déjà très élevés ! L’an dernier, nous avions constaté qu’il y avait un vrai souci dans l’application de l’arrêté sur les pollinisateurs (1) dans nos vergers. Chez un premier producteur de l’Isère qui traitait son verger, un contrôleur a considéré qu’il y avait des fleurs ouvertes et quelques abeilles. »
« Cela a donné lieu à une garde à vue, à un procès, et à des sanctions lourdes alors que l’on était dans “l’épaisseur du trait” pour justifier cette condamnation. Un autre, dont le salarié traitait un verger bio avec de l’huile blanche, s’est retrouvé en garde à vue pendant 20 heures, l’agent de l’OFB ayant estimé que le vent soufflait trop fort. Tout cela pour n’aboutir à rien, puisque les relevés ont démontré que le vent n’avait pas dépassé la limite autorisée. »
Vous aviez pourtant déjà sollicité le ministère de l’Agriculture sur ce même sujet ?
« Oui, car tous ces évènements nous avaient inquiétés et ce, alors même que nous étions dans la bonne pratique du métier. Nous lui avons indiqué à plusieurs reprises qu’il est essentiel que les agents de l’OFB, qui se voient attribuer de nouvelles fonctions de contrôle, reçoivent une formation spécifique pour bien comprendre notre métier et les subtilités de l’arrêté. En période de floraison, les arbres restent sensibles à la tavelure et dès lors que les conditions sont favorables à la contamination, l’arboriculteur a le droit d’intervenir en journée. »
« C’est le cas aussi pour les éclaircissants. Avec un insecticide, le passage doit avoir lieu deux heures avant le coucher du soleil et jusqu’à 3 heures après. Pourtant à nouveau en 2023, dès le début de la floraison de ses pommiers, un collègue des Alpes qui traitait en journée, s’est vu demander de stopper son intervention. Après avoir fait valoir la légalité qu’il avait à intervenir, le contrôleur lui a finalement signifié qu’il n’y avait pas de problème et que la sanction serait levée. »
Selon vous, est-ce que la lettre ouverte a eu un impact ?
« La pétition « Office français de la biodiversité : halte aux contrôles iniques des arboriculteurs ! », qui a repris la lettre ouverte lancée par le Collectif Sauvons les fruits et légumes de France, a déjà plus de 2 000 signatures. Quand nous avons donné ces éléments au ministère, je pense qu’il a compris qu’il fallait tendre l’oreille pour éviter un drame. Et je suppose que c’est la suite de cela que la note de service de l’OFB a été publiée telle quelle (2). »
« Quelques arguments ont dû porter, mais il n’est pas question d’interdiction de contrôler les arboriculteurs. D’ailleurs, nous n’avons jamais demandé cela, mais bien qu’il y ait une application honnête de cet arrêté. Faut-il le rappeler, en tant que professionnels, nous cohabitons depuis toujours avec les abeilles. Il y a donc besoin de nous faire davantage confiance. »
(1) Arrêté interministériel du 20 novembre 2021 relatif à la protection des abeilles et des autres insectes pollinisateurs.
(2) Un article dans Le Monde, paru le 5 mai 2022, fait état du mécontentement des agents de l’Office français de la biodiversité (OFB) après une note interne précisant la conduite à tenir en cas de traitement pendant la floraison des vergers.