« Des risques croissants menacent la survie des pollinisateurs sauvages européens ». C’est l’alerte lancée par l’UICN, l’Union internationale pour la conservation de la nature, en marge de son congrès mondial, organisé du 9 au 15 octobre 2025 à Abou Dhabi aux Émirats arabes unis. Dans son communiqué paru le 11 octobre, l’organisation déclare avoir classé « près de 100 espèces supplémentaires d’abeilles sauvages » dans sa liste rouge des espèces menacées en Europe, mise à jour en octobre 2025.

« Plus de 20 % des espèces dans des groupes comme les bourdons et les collètes » courent un risque d’extinction [...] et « le nombre d’espèces européennes de papillons menacées a fortement augmenté, de 76 % en une décennie, soulève par ailleurs l'institution. Or, « près de 90 % des plantes à fleurs en Europe » dépendent de la pollinisation assurée par ces espèces animales, rappelle l’entomologiste Denis Michez, coordinateur de l’évaluation. « Hélas, les populations d’abeilles sauvages connaissent une baisse drastique et ne peuvent être facilement remplacées par des colonies artificielles, qui comprennent moins de 1 % des espèces existantes ».

Perte d’habitats

Selon l’UICN, la « principale menace » réside dans la disparition de l’habitat de ces espèces : « les pollinisateurs européens dépendent largement des paysages ruraux traditionnels, en particulier les prairies riches en fleurs créées par une gestion non intensive, souligne l’organisation. L’intensification de l’agriculture et de la sylviculture, combinée à un abandon des terres dans les zones moins productives, contribue à la dégradation et à la fragmentation d’habitats essentiels à la survie des pollinisateurs ».

Produits phytosanitaires et engrais impactent également de nombreux pollinisateurs, en réduisant notamment « la diversité des fleurs ». Le changement climatique joue lui aussi un rôle dans ce déclin généralisé : sécheresses, chaleurs, incendies de forêt… Ces aléas climatiques détériorent de plus en plus les habitats.

L'élévation des températures peut impacter certaines espèces et en favoriser d'autres, comme ici l'abeille charpentière. (©  Céline Fricotté/GFA)

Enfin, l’élévation des températures peut elle-même impacter le cycle biologique des pollinisateurs. Certaines espèces - comme l’abeille charpentière - peuvent être favorisées tandis que d’autres, plus adaptées au froid - comme le bourdon - sont affectés.