Installé en polyculture-élevage à Chazelet dans l’Indre, Sylvain Pimont cultive 460 ha de terres limono-sableuses à faible potentiel. Situées à la limite de la Brenne et du Boischaut Sud, elles se répartissent en 285 ha de cultures de vente et 175 ha de prairies permanentes et temporaires, dans lesquelles s’introduit un assolement de cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive). « Grâce à la rotation longue et diversifiée mise en place depuis le démarrage du méthaniseur en août 2019, nous avons considérablement réduit la pression des adventices et la fertilisation provenant de l’extérieur, » déclare Sylvain Pimont.
Associer cultures de vente et d’autoconsommation
La rotation débute avec l’installation au 15 septembre d’un seigle hybride seul ou mélangé à de l’avoine destiné au méthaniseur. Grâce à la double trémie qui équipe son semoir à disques Pronto, une future prairie temporaire est semée en même temps que les deux céréales. Ce semis précoce couvre rapidement le sol et étouffe une majorité des adventices. Celles qui parviennent à monter sont récoltées avec le couvert au début du mois de mai suivant.
Sitôt le seigle récolté, la prairie composée d’une majorité de légumineuses (trèfle violet, trèfle blanc, luzerne) et de ray-grass hybride couvre le terrain. Une première coupe destinée aux bœufs limousins est réalisée en enrubannage, selon les années en août ou septembre, lorsque la portance est encore bonne. Cette récolte (5 t/ha de MS) nettoie bien les parcelles avant l’arrivée de l’hiver. L’opération se renouvelle en mai suivant. Durant le printemps, la prairie reçoit du digestat liquide, à raison de 15 à 20 m3/ha, épandu à l’aide d’un matériel à rampes.
« Cela équivaut à quelque 60 à 80 unités d’azote, 40 u d’acide phosphorique et 140 u de potasse, soit de substantielles économies, se félicite Sylvain Pimont. Toutefois, une partie de l’azote ne profite sans doute pas à la prairie la première année. Par ailleurs le pH du digestat de 8,3 est un atout dans ces terres naturellement acides. »
Digestat pour blé et maïs
Après le dernier enrubannage, la prairie est labourée afin d’installer un blé destiné à la vente. Celui-ci est encore fertilisé au digestat liquide. Si nécessaire, un désherbage sera réalisé sortie d’hiver avec une herse étrille. Un mélange seigle + avoine est à nouveau semé en septembre suivant et récolté début mai. Cela permet d’enchaîner sur le semis des 80 ha de maïs grain, irrigué si besoin à l’aide d’une retenue collinaire.
« La fertilisation de base est apportée sous forme de digestat solide avant labour à raison de 7 à 8 t/ha de matière brute, poursuit Sylvain Pimont. Elle est renforcée par un épandage de 25 m3/ha de digestat liquide au stade 6-8 feuilles. Le maïs est ensuite biné à deux reprises. Avec l’irrigation l’objectif est de parvenir à 90 q/ha de maïs sec pour moins de 250 €/ha de charges opérationnelles. »
Après la récolte, courant septembre, prend place un méteil à base de triticale, pois et féverole récolté à maturité et consommé par les bœufs pour leur finition. Le surplus est trié à la ferme, stocké et vendu en direct. Mi-septembre suivant le cycle reprend avec un nouveau semis de seigle plus avoine et prairie temporaire.