Parmi onze choix listés, pour les consommateurs européens interrogés lors d’une enquête publiée le 15 mai 2025, les trois objectifs de la Pac les plus cités (1) sont : assurer une alimentation suffisante et stable (85 % des répondants), assurer des prix raisonnables pour les consommateurs (82 %) et réduire l’utilisation de pesticides et d’antibiotiques (81 %).
Cette enquête a été menée par l’organisation des consommateurs européens (BEUC en anglais) dans huit pays de l’Union européenne : la France, l’Autriche, l’Allemagne, l’Italie, la Pologne, le Portugal, la Slovénie et l’Espagne. Dans chaque pays, un échantillon représentatif de la population a été interrogé, par un questionnaire en ligne, entre le 21 janvier et le 10 février 2025.
Des objectifs non atteints
29 % des consommateurs estiment que l’objectif assigné à la Pac d’assurer des prix raisonnables n’est pas atteint, tout comme 20 % considèrent que celui de de réduire l’utilisation de pesticides et antibiotiques n’est pas non plus atteint. Si 74 % des sondés pensent que « rendre l’agriculture attractive pour les jeunes » est « très ou extrêmement important », un tiers souligne aussi que cet objectif n’est pas atteint et qu’il doit faire partie des priorités.
Plus des deux tiers des consommateurs (76 %) jugent que la Pac doit aller en priorité vers les petites et moyennes fermes, mais aussi vers les jeunes agriculteurs pour 69 % des sondés. La moitié souligne que les aides doivent viser les agriculteurs qui travaillent dans les zones à contraintes spécifiques, comme les zones de montagnes.
Accompagner la transition
Un répondant sur deux considère également qu’il est important que la Pac accompagne les agriculteurs qui modifient leurs pratiques en faveur de l’environnement ou du bien-être animal et qu’elle soutienne le revenu des agriculteurs en difficulté. 28 % considèrent que le soutien aux pratiques durables est le plus important et 20 % que c’est le soutien au revenu qui est prioritaire.
Dans une liste de sept items, 62 % des répondants estiment que le principal enjeu pour les agriculteurs est la concurrence déloyale avec les pays tiers, 56 % citent les prix bas des produits agricoles, 38 % trop de règles environnementales et 33 % des conditions de travail trop difficiles.
Seulement 4 consommateurs sur 10 jugent que la Pac apporte des bénéfices à tous les consommateurs européens. Au contraire, près de deux sur dix ne sont pas d’accord avec cette affirmation, alors que 34 % des consommateurs disent rencontrer des difficultés pour faire face à leurs dépenses alimentaires.
Avis partagé sur les aides directes
36 % des consommateurs estiment que le budget de la Pac est équilibré, 31 % qu’il devrait être plus élevé et 10 % qu’il devrait être plus bas (23 % des répondants ne savent pas ou n’ont pas d’avis). Les avis sont partagés lorsque l’on interroge les consommateurs pour savoir s’ils pensent que distribuer des aides directes à tous les agriculteurs est bon pour l’économie. 34 % pensent que non, 32 % que oui et 34 % sont neutre ou sans opinion.
La Pac n’est pas équitable
Près d’un tiers (32 %) des répondants ne sont pas d’accord avec l’affirmation que la manière dont les aides européennes sont distribuées entre les États est juste et un peu plus encore (34 %) ne sont pas d’accord avec l’affirmation que la distribution des aides entre les différents types d’exploitations au sein de leur pays est juste et appropriée.
45 % pensent que les agriculteurs doivent changer leurs pratiques pour lutter contre le changement climatique même si cela les rend moins compétitifs. Deux tiers considèrent que cette transition doit être financée par les industriels de l’agroalimentaire et la grande distribution, sans augmentation des prix à la consommation.
Une future Pac « plus ciblée »
« Notre étude montre que la manière dont les aides de la Pac sont utilisées et distribuées n’est pas suffisamment alignée avec les priorités des consommateurs », indique le BEUC. Selon les auteurs de la note, la future Pac devra être « beaucoup plus ciblée ».
Elle devra supporter le revenu de petites et moyennes fermes et des jeunes agriculteurs, avec des mesures comme la dégressivité et le plafonnement. Elle devra aussi assurer une distribution plus juste des financements entre les États membres, souligne le BEUC.
Elle devra soutenir les agriculteurs « petits et gros » qui adoptent des pratiques « durables » comme la réduction de l’utilisation des pesticides, l’amélioration du bien-être animal, la préservation de la biodiversité, ou encore la réduction des émissions de gaz à effet de serre, notamment au travers des écorégimes.
Les auteurs soulignent par ailleurs qu’il est « essentiel » que l’évolution de la Pac vers des pratiques plus durables s’accompagne de changements du côté de la demande.
(1) Comme très importants ou extrêmement importants.