Maud et Vincent Anselme-Martin « estivent » leurs brebis été comme hiver. De mai à la fin d'octobre, les 300 mourérous valorisent les 180 hectares de l’exploitation familiale située à Sainte-Foy-Tarentaise, entre 1 000 et 2 800 mètres d’altitude. À partir de novembre, le troupeau « descend » dans le Vaucluse où il pâture les vignes, les pare-feu, les bois et sous-bois. « En moyenne, le troupeau consomme 1 hectare par jour », explique Vincent. Les clôtures sont montées et démontées au fur et à mesure, cela représente 40 à 50 kilomètres tous les hivers. Au début de 2023, Barbara Calonger a été embauchée par le couple pour aider à la conduite du troupeau.
Un partenariat avec des viticulteurs
« Nous sommes arrivés dans le Vaucluse en 2008, se souvient Vincent. Nous avions repéré les parcelles du domaine du Chêne bleu à Crestet et après avoir pris contact avec le propriétaire, celui-ci a tout de suite adhéré à l’idée de construire un partenariat avec nous. Cela lui évite un passage d’herbicide ou de broyer les interrangs. » Les brebis sont beaucoup plus efficaces que les outils pour « nettoyer » le contour du cep et elles apportent de la matière organique aux sols.
Toutes les parcelles de vignes ne conviennent pas au passage du troupeau. Seulement celles dont le palissage est suffisamment haut, au moins 1 mètre, sont accessibles aux animaux, car ces derniers doivent pouvoir circuler aisément entre les rangs sans risque de se blesser. Depuis 2007, d’autres viticulteurs se sont montrés candidats pour le passage du troupeau sur leur domaine.
« Être opportuniste »
« La météo n’est toutefois pas toujours propice au passage du troupeau dans les vignes, précise Vincent. Quand il pleut, les brebis peuvent tasser le sol. C’est pourquoi nous nous reportons alors sur les pare-feu et les parcelles communales. Il faut être souple et opportuniste et entretenir de bonnes relations avec tout le monde. Nous avons toujours une solution de recours. »
Aucun accord écrit n’est signé entre les différents partenaires. « Nous avons droit à une dérogation de transhumance inversée pour passer la mauvaise saison dans le Vaucluse et percevoir les aides (ICHN), explique Vincent. Nous venons de signer un contrat de cinq ans pour la mise en place de mesures agroenvironnementales et climatiques (MAEC) en lien avec l’entretien des pare-feu et le pâturage des zones Natura 2000 de la commune de Crestet appartenant au parc du Ventoux. » Sans cette aide, la viabilité du système vertueux serait compromise.