« L’exploitation familiale a toujours abrité des vaches laitières et des brebis de notre race locale rustique, la noire du Velay », expliquent les deux frères David et Sébastien Dumas, respectivement installés en 1999 et 2003 à Landos en Haute-Loire. Michèle, l’épouse de David, les rejoint en 2007.

« Nous avons tous travaillé à l’extérieur avant de nous installer, c’est une bonne chose », précise Sébastien, le maçon de l’équipe. Après quatre ans d’apprentissage dans une entreprise de travaux agricoles, c’est au tour de Pierre, le fils de David et de Michèle, d’intégrer le Gaec du Rond rouge. Une vocation pour le jeune homme installé depuis 2021.

Si l’organisation du travail et du temps libre est plus souple à quatre associés, encore fallait-il pouvoir dégager un revenu supplémentaire. Pour ce faire, les éleveurs ont choisi d’augmenter la production de lait. Leur stratégie a consisté à accroître le troupeau de vaches montbéliardes de 10 têtes pour atteindre aujourd’hui 51 vaches en lactation  produisant près de 500 000 l de lait. La moyenne de production au contrôle laitier affiche aujourd’hui 9 343 kg à 33,1 g/kg en TP (taux protéique) et 43,1 g/kg en TB (taux butyrique). L’objectif à court terme est de produire leur référence de 683 600 l avec une soixantaine de vaches inscrites.  

© Monique Roque - Les céréales sont moissonnées avec trois semaines davance cette année avec un rendement médiocre en grains et en paille.

Un bâtiment rallongé

« Entre un nouveau bâtiment demandant un investissement de 900 000 € et la possibilité de rallonger la stabulation existante  pour 150 000 €, nous avons choisi la solution la moins onéreuse. Les incertitudes de la conjoncture actuelle incitent à une forme de prudence même si nous pensons qu’il faut franchir ce pas difficile et continuer à produire sans baisser les bras », expliquent les associés. Le prolongement de la construction existante, très largement autoconstruite, leur a permis de loger 10 vaches et 26 génisses supplémentaires. La salle de traite est restée identique en 2 fois 4.

Sans agrandissement foncier possible, le système a été intensifié avec la distribution d’une ration complète identique toute l’année pour les vaches en lactation. 5 ha de maïs sont produits depuis deux ans pour compenser les effets de la sécheresse sur les ressources en herbe. L’autonomie alimentaire est privilégiée grâce aux céréales autoconsommées et des fourrages de qualité. La quantité de concentré n’excède pas 213 g/kg de lait. « La qualité du lait génère une valeur ajoutée appréciable », estiment les éleveurs qui livrent à Sodiaal.

© Monique Roque - 350 brebis Noires du Velay sont conduites en sélection à 100 % en race pure.

1,96 agneau par brebis

La maîtrise technique des 350 brebis noires du Velay conduites par Sébastien porte aussi ses fruits. L’éleveur met à profit la rusticité et les facilités de désaisonnement de la race du pays pour produire des agneaux de qualité toute l’année. Avec trois périodes d’agnelage en juillet-août, novembre-décembre et mars- avril, la prolificité atteint 1,96 agneau par brebis. « Les noires du Velay sont très maternelles. Ce sont aussi des marcheuses adaptées au climat et aux sols de montagne. » La bergerie moderne, spacieuse et lumineuse, est équipée de tapis d’alimentation.

Les brebis disposent de parcelles spécifiques et de parcours (lire l'encadré). La préparation à l’agnelage est rigoureuse. Rentrées trois semaines avant en bâtiment, elles reçoivent  alors une ration composée d’enrubannage, de céréales et de maïs grain jusqu’au deuxième mois de lactation.  Le troupeau inscrit produit annuellement 300 agnelles de reproduction vendues dans toute la France et en Belgique. 400 mâles sont commercialisés en agneaux de boucherie « noirs du Velay » dont la qualité de la viande est reconnue en boucheries et en GMS.

Ils affichent un poids moyen de 40 à 45 kilos vifs  pour 20 à 21 kilos de carcasse à 45 jours. « L’Association des producteurs d’agneaux noirs du Velay, qui nous accompagne dans les ventes et la promotion de notre race locale, est dynamique, apprécie Sébastien. La grille de prix a été revue à la hausse à 8,20 €/kg de carcasse pour compenser l’augmentation des charges. C’est gratifiant. Nous croyons en cette reconnaissance de la génétique de nos troupeaux et de la qualité de nos productions. »