Les marges industrielles de production d’éthanol affichent actuellement des niveaux exceptionnels dans l’Union européenne et aux États-Unis. Cette situation résulte de la flambée du prix du bioéthanol, qui bat des records depuis plusieurs semaines. Les marchés européens et américains sont en effet très tendus, en raison d’une demande intérieure supérieure à l’offre.

Une consommation soutenue

La consommation est soutenue, notamment par la normalisation de la consommation d’essence à la suite du rebond de l’activité économique. La Commission européenne prévoit la croissance du PIB dans la zone euro pour 2021 à 5 %. De son côté, la Banque centrale américaine table désormais sur un chiffre post-Covid à + 5,9 % pour les États-Unis.

En Europe, la consommation est également boostée par la mise en vente de l’E10 (essence qui contient 10 % de bioéthanol) en Suède et au Royaume-Uni, et par la progression des mandats d’incorporation des biocarburants dits de première génération dans plusieurs pays de l’Union européenne.

Utilisation de blé et de maïs

En 2021-2022, sur une année, la consommation de bioéthanol dans la zone Europe (Union européenne à vingt-sept et Royaume-Uni) devrait ainsi progresser de près de 1 million de tonnes. La production, elle, devrait augmenter, mais la hausse sera limitée par les capacités de production existantes.

Pour couvrir le besoin intérieur, les importations de bioéthanol sont par conséquent attendues en hausse de 250 000 tonnes. Elles pourraient progresser en provenance des États-Unis notamment, et cela malgré le rebond de la demande locale outre-Atlantique. En 2022, l’Agence de l’énergie américaine (EIA) prévoit, en effet, une hausse de la consommation d’essence de plus de 7 % dans le pays, ce qui soutiendra la demande en éthanol.

En Europe, la maximisation des capacités industrielles de bioéthanol devrait soutenir la consommation de blé (+ 1 million de tonnes), avec la réouverture attendue début 2022 de l’usine britannique de Vivergo, qui n’utilise que du blé. Les marges de production d’éthanol de maïs étant les plus attractives, c’est surtout cette céréale qui devrait profiter de la croissance ailleurs en Europe (+0,6 million de tonnes).

La demande industrielle pèse sur les stocks mondiaux de céréales. © Ademe/S. Leitenberger

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Outre-Atlantique, la consommation de maïs dans le secteur éthanol est prévue en hausse de 4,3 millions de tonnes (+3 %) en 2021-2022. Elle y est soutenue par la croissance de l’économie, même si les obligations d’incorporation sont encore incertaines pour 2022 : l’administration Biden n’a pas encore tranché sur leur niveau. Cette forte demande industrielle, quasiment inélastique, contribuera à maintenir les stocks mondiaux de céréales à des niveaux bas durant les prochains mois.

Hémeline Macret/Tallage/Stratégie Grains