À quelques semaines de la fin des négociations commerciales entre distributeurs et industriels, les supermarchés montrent les dents.
À partir du 4 janvier 2024, Carrefour retire des ventes des produits de la marque PepsiCo tels que Lay’s, Quaker, Bénénuts de ses rayons de grandes surfaces situés en France, en Belgique, en Espagne et en Italie. « Nous ne vendons plus cette marque pour cause de hausse de prix inacceptable », a assuré le distributeur.
« Les discussions avec Carrefour ont lieu depuis de nombreux mois et nous continuerons à le faire de bonne foi pour faire en sorte que nos produits soient disponibles », a réagi une porte-parole de PepsiCo, sans plus commenter les négociations actuelles.
Pour rappel, ces négociations déterminent les conditions de vente d’un panel de produits vendus en grandes surfaces. Cette année, à titre exceptionnel, la clôture de ces pourparlers est avancée du 1er mars au 15 janvier, au plus tard, pour les fournisseurs réalisant moins de 350 millions d’euros de chiffre d’affaires. Les plus gros d’entres eux auront jusqu’au 31 janvier au maximum.
« La part des matières premières des agriculteurs va augmenter »
Dominique Schelcher, directeur général du système U, poursuit le bras de fer avec les industriels dans une interview de France Inter ce jeudi 4 janvier. « Rarement les Français auront autant arbitré sur leurs dépenses alimentaires. […] On a trouvé des accords pour le lait comme Yoplait, Entremont et la coopérative Laïta. Les prix vont encore augmenter mais beaucoup moins que par le passé », déclare-t-il. Le directeur général affirme également avoir défendu le prix des matières premières des agriculteurs : « Leurs parts vont légèrement augmenter pour prendre en compte les difficultés qu’ils rencontrent. »
🔴 Négociations commerciales ➡️ "On a des demandes hausses encore sur l’huile, +23%”, s’indigne Michel-Edouard Leclerc. “On nous demande des hausses sur les tablettes de chocolats de 11%, +18% sur les jus de fruits. Il ne faudrait pas que ça dépasse 2%.” #8h30franceinfopic.twitter.com/ycuaya9OWp
— franceinfo (@franceinfo) January 4, 2024
Michel Édouard Leclerc, président du groupe E. Leclerc assure vouloir « chercher des baisses de prix » sur le plateau de France Info, ce jeudi 4 janvier. Face aux industriels qui réclament des « hausses de 6 à 10 % en moyenne », celui qui avait promis de « casser la gueule à l’inflation », se dit prêt à se passer de certains produits prisés du grand public. Cette stratégie a pourtant un prix. « Ce n’est jamais un jeu gagnant. C’est toujours au commerçant qu’on attribuera la hausse de prix inexpliquée. Les consommateurs ne veulent pas payer cher mais s’ils n’ont pas leurs produits, ils ne sont pas contents et vont chez le concurrent », précise-t-il.
À la place, le porte-parole de Leclerc aspire à une augmentation globale « raisonnable » de 2 à 2,5 % à l’issue des négociations.
Des négociations toute l’année
Le directeur du système U défend depuis un an un système de négociation répartie sur toute l’année : « On est au bout de ce système de négociations, qui n’est plus adapté à cette période de forte volatilité des matières premières. […] Je plaide pour remettre en cause ce système et réécrire une partie du code de commerce afin de s’adapter à la vie économique d’aujourd’hui. »
Selon lui, la ministre déléguée chargée des Petites et Moyennes Entreprises, Olivia Grégoire, aurait lancé une mission en ce début d’année pour réviser en ce sens le code du commerce.