La période de recharge des nappes s’était montrée « courte et peu intense » à l’automne et l’hiver, rappelle le BRGM (1) dans son bulletin de situation hydrogéologique au 1er mai 2023. Les pluies excédentaires de mars et d’avril ont permis de renverser la tendance sur certains secteurs bien arrosés abritant des nappes réactives à peu inertielles (qui réagissent rapidement à l’absence de pluie).
« La situation s’améliore ainsi considérablement sur les nappes du massif armoricain, du littoral de la Manche et du Grand Est », indique le BRGM. Elle demeure toutefois « peu satisfaisante » sur une large partie du pays, avec 68 % des nappes sous les normales mensuelles en avril, les précipitations ayant principalement profité à la végétation. La période de vidange aura cependant pu être retardée. Les pluies de mai pourraient quant à elle permettre de repousser les prélèvements pour l’irrigation.
Projections peu optimistes
Le BRGM recense « de nombreuses » nappes présentant des niveaux bas à très bas par rapport aux mois d’avril des années précédentes :
- Les nappes inertielles du Dijonnais au Bas-Dauphiné ;
- Les nappes de l’aquifère multicouche du Roussillon, avec un risque fort d’intrusion saline sur la nappe superficielle ;
- Les nappes alluviales côtières et des calcaires karstifiés de Provence et de Côte d’Azur.
« Les prévisions de Météo-France sur mai, juin et juillet ne privilégient aucun scénario pour les pluies mais des températures plus élevées que la normale sur l’ensemble du territoire », rapporte également le BRGM. Dans ce contexte, la période de vidange devrait se généraliser dès à présent, avec des niveaux qui resteraient en baisse jusqu’à l’automne.
« La situation devrait [ainsi] se dégrader, rapidement sur les nappes les plus réactives et les plus sollicitées par des prélèvements, et lentement sur les nappes inertielles et peu exploitées. » D’éventuels épisodes pluviométriques importants pourraient toutefois s’infiltrer en profondeur dans les nappes réactives, « permettant de soutenir les niveaux », voire ponctuellement d’en observer une hausse. Une hypothèse restreinte en cas de sols secs, les eaux se cantonnant à la réhumidification des sols et à l’alimentation de la végétation.
Certaines réserves restent faibles
Dans certains secteurs, les pluies ont aussi bénéficié aux cours d’eau et aux réserves. Ils présentaient pourtant souvent des niveaux bas et alarmants en sortie d’hiver, ce qui avait conduit certains agriculteurs à revoir leur assolement de printemps, délaissant le maïs pour le tournesol ou le sorgho. Une tendance par exemple marquée dans le Grand Sud-Ouest, où les niveaux des réserves sont parfois encore très bas, selon plusieurs opérateurs. La concurrence avec les cultures d’hiver s’était également fait ressentir à l’automne passé.
(1) Bureau de recherches géologiques et minières.