Alors que le syndicat n’avait pas été reçu lors du premier tour de piste du Premier ministre avec les syndicats agricoles, faute d’agendas concordants, le Modef s’est rendu à Matignon ce jeudi 20 février 2025 à Paris. Le cinquième syndicat agricole a salué une « discussion franche et sereine » avec le Premier ministre François Bayrou et la ministre de l’Agriculture Annie Genevard.

Le Modef a « insisté » sur le revenu agricole, défendant en particulier les petites et moyennes exploitations, cœur de cible du syndicat minoritaire. Cela passe d’abord par l’instauration d’un plafond des aides du premier pilier de la Pac de 50 000 € par actif, a défendu le syndicat auprès du gouvernement. Une mesure à laquelle le Premier ministre aurait été attentif dès lors qu’il permettrait de « réduire la pression foncière, assure Frédéric Mazer, coprésident. En diminuant les aides à l’hectare, on encourage un meilleur partage du foncier. »

Des moyens pour les Safer

Une des autres propositions du syndicat auprès du gouvernement est d’augmenter la possibilité de la Safer de préempter une partie des terres via un financement des banques du territoire, alors que de nombreuses terres seront disponibles dans les prochaines années : un agriculteur sur deux partira à la retraite d’ici à 2030. Une demande à laquelle le Premier ministre aurait également été attentif.

Normal, pour Pierre Thomas, coprésident du Modef, puisque « cela ne coûterait rien au niveau du budget de l’État » grâce au financement par les banques du territoire. Auditionné le matin au Parlement sur une proposition de loi transpartisane sur le foncier, il l’assure : « On se dirige vers un consensus » politique sur la nécessité de donner plus de moyens aux Safer.

Car pour le syndicat, atteindre la souveraineté alimentaire va de pair avec l’installation de jeunes agriculteurs. S’il ambitionne de viser un million de nouveaux agriculteurs, le Modef s’est déjà réjoui de voir l’objectif de 500 000 agriculteurs d’ici à vingt ans fixé dans la loi d’orientation agricole adoptée ce jeudi 20 février 2025.

Mayotte oublié de la Commission européenne

Autre sujet mis sur la table par le syndicat minoritaire : l’agriculture mahoraise détruite par le cyclone Chido. « La Commission européenne a proposé de débloquer cent millions d’euros de la réserve de crise agricole (le 19 février, NDLR)… Ils ont oublié Mayotte ! Alors que c’est aussi la France », déplore Raymond Girardi, vice-président.

« On a demandé aux ministres de toquer à la porte de la Commission européenne », complète-t-il. Message reçu cinq sur cinq par la ministre de l’Agriculture. Elle leur aurait promis de contacter la Commission dès le lendemain de leur rencontre.