« La situation de l'agriculture française est dramatique. » Pour sa conférence de presse du 22 juillet 2025, le Modef dépeint un tableau noir sur la situation des agriculteurs. Dans l’actualité, le syndicat apporte d’abord un regard très critique sur la controversée loi Duplomb. Une « loi que nous pensons vraiment toxique pour l'agriculture et qui sert encore les intérêts d'une minorité », tranche Lucie Illy, vice-présidente du Modef, qui pointe particulièrement l’article 2 qui permet le recours à certains néonicotinoïdes sous condition.

Une loi « toxique » pour l'agriculture

« Au Modef, cela fait 30 ans que nous nous battons pour interdire les importations de production non conformes aux réglementations françaises », rappelle-t-elle. « Si un pesticide a été déclaré dangereux pour la santé des consommateurs et producteurs ou l’environnement, il est tout à fait normal qu’il soit interdit et que nous poussions l’Europe à faire de même, c’est plus logique. »

Pour la productrice de pommes, les problématiques principales restent la question du renouvellement des générations et celles des revenus. « Il n’y a rien dans cette loi qui mentionne un prix minimum garanti, ce que le Modef demande depuis très longtemps », cite-t-elle. Les dispositions pour la contruction de retenues d'eau ou celles concernant les seuils d'élevage classés ICPE ne trouvent pas plus grâce à leurs yeux. 

Favorable à la dregressivité et au plafonnement

La Pac est une autre actualité qui a fait réagir le syndicat avec les propositions de la Commission européenne qui viennent de tomber. Frédéric Mazer, coprésident du Modef, regrette en premier lieu la baisse du budget qui lui est attribué. « On se doutait que les discours guerriers qui appelaient à réarmer militairement l'Europe, allait prendre le pas sur l'agriculture et sur l'alimentation, mais on ne s'imaginait pas à ce point-là », souffle-t-il.

S’il apprécie certaines voies empruntées par l’exécutif comme la dégressivité des aides et qu’il qualifie d’« intéressant de plafonner les aides de la Pac », il s’attend à un puissant lobbying « des syndicats conservateurs » contre ces mesures. Il déplore le maintien des aides à l’hectare plutôt qu’à l’actif, et l’absence de mesures pour un meilleur revenu. Il redoute en outre « les possibles distorsions de concurrence entre pays européens » avec les plus grandes marges de manœuvre accordées aux États membres, prévues dans les propositions de la Commission.

De fortes inquiétudes pour les éleveurs

Le syndicat s’émeut de la situation des éleveurs touchés par la dermatose nodulaire et des conséquences de l’abattage total des troupeaux qu’il fustige. Fabien Marcilloux, coprésident de la commission de l'élevage du Modef en appelle au gouvernement. « Nous demandons la gratuité des produits insecticides, afin de permettre à tous les éleveurs d'accéder à un traitement antiparasitaire préventif, adapté à leur cheptel ainsi qu’une campagne de vaccination massive », a-t-il demandé.

Mais ce n’est pas tout. Face à la détresse des éleveurs impactés, pour le syndicaliste, « il est nécessaire d’activer des dispositions de soutien psychologique de la MSA pour soutenir les agriculteurs confrontés à cette épreuve ». Il revendique aussi « l'indemnisation à 100 % des pertes indirectes et la prise en charge à 100 % des frais liés au renouvellement du cheptel et les indemnisations pour les abattages ou diagnostics ».

La sécheresse est un autre point d’inquiétude majeur pour le syndicat. Olivier Morin, vice-président de l’organisation, recense « les éleveurs, les maraîchers, les producteurs de fruits et légumes, les viticulteurs qui subissent tous une sécheresse importante ». Avec des impacts sur les récoltes ou des conséquences comme des stocks de fourrage entamés pour les éleveurs et le risque financier que cela représente.

Olivier Morin et le Modef aimeraient du changement au niveau assuranciel. « Nous exigeons l’intervention de l'État via la solidarité nationale, y compris pour les agriculteurs non assurés pour la sécheresse de 2025 », revendique-t-il. « Le fait de ne pas s'assurer est souvent dû à des revenus assez bas, justifie-t-il. On peut comprendre les collègues qui font le choix de ne pas s'assurer cette année. »