En pleine résurgence de la colère agricole, alimentée par la stratégie de lutte contre la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), le premier ministre Sébastien Lecornu a organisé « deux réunions de crises exceptionnelles » ce 16 décembre 2025. Autour de la table, plusieurs membres du gouvernement et les préfets de l’Ariège, de l’Aude, du Gers, de la Haute-Garonne, des Hautes-Pyrénées, des Landes, des Pyrénées-Atlantiques et des Pyrénées-Orientales.
Accélérer la vaccination
A l'issue du second rendez-vous, mardi 16 décembre au soir, c'est la ministre de l'Agriculture qui se charge des annonces. « On sortira de cette crise », affirme Annie Genevard au pupitre de Matignon. En réponse aux demandes d'assouplissement sur le dépeuplement total des foyers détectés, la ministre reste discrète, mais affirme une volonté du gouvernement « d’accélérer la vaccination et renforcer les mesures pour la rendre plus rapidement efficace ». Pour cela, un préfet coordinateur, Pascal Sanjuan, sera en charge de « mettre en œuvre le déploiement de la vaccination dans chacun des départements ».
Annie Genevard précise que 750 000 bovins seront vaccinés, y compris dans les départements de l’Hérault et du Tarn, dont la demande d’intégration au plan vaccinal a été soumise récemment. Le stock actuel de l’Etat s’élève à 500 000 doses. La ministre affirme qu’une « nouvelle commande de vaccins supplémentaire a été réalisée la semaine dernière. Une première livraison de 400 000 doses sera acheminée », dès le 18 décembre précise Matignon.
Lecornu demande à mobiliser tous les vétérinaires
Pour le premier ministre Sébastien Lecornu, accélérer la vaccination est une question « d’urgence absolue ». Vétérinaires actifs, étudiants, retraités, tous sont appelés à redoubler d’efforts pour passer la vitesse supérieure. « Je vous annonce que je vais mobiliser l’ensemble des vétérinaires de nos armées », affirmait-t-il à l’assemblée nationale l'aprés-midi du 16 décembre. Annie Genevard affiche un objectif de vaccination totale « dans les semaines à venir ». « Je vais vous donner un exemple, celui de département de l’Ariège. Les 1 000 exploitations de l’Ariège seront intégralement vaccinées au 31 décembre de cette année ».
10 millions pour l'élevage du Sud-Ouest
En complément des mesures déjà en place, la ministre de l’Agriculture annonce la mise en place d’un « plan de soutien et de reconstitution pour assurer l’avenir de l’élevage du Sud-Ouest ». C’est une enveloppe de 10 millions d’euros qui sera déployée, « en soutient direct aux petits éleveurs des zones touchés ». Exonération de charges sociales et fiscales et soutien financier sont dans les cartes pour « les éleveurs qui seraient les plus en difficulé du fait de l’arrivée de la maladie ». Pour ceux directement touchés, à l’indemnisation des pertes économiques et la désinfection des bâtiments d’élevage, s’ajoute une mesure de défiscalisation des indemnités qui leur ont été versées.
Appel à la "responsabilité collective"
« Le gouvernement appelle à la responsabilité collective et individuelle pour éviter une catastrophe sanitaire qui pourrait être fatale à l’agriculture et à l’élevage français », insiste la ministre de l’Agriculture. C’est dans cet esprit combatif qu’elle renforce les mesures de contrôles de polices pour les mouvements d’animaux, et indique des amende de 750 € par bovin transporté. Selon elle, cette affaire se joue aussi au niveau européen. « Il est très important que nous conservions une parfaite crédibilité par rapport à nos partenaires vers lesquels nous exportons nos bovins ». A l’instar des accords bilatéraux signés avec l’Italie pour les envois d’animaux en provenance de la zone vaccinale savoyarde, la ministre veut « intensifier les relations diplomatiques » de la France.
Cellule de dialogue scientifique
Une cellule de dialogue scientifique sera également mise en place dans le Sud-Ouest, composée de cinq représentants du monde de l’élevage – dont les chambres d’agriculture et le groupement de défense sanitaire – et de scientifiques et experts en santé animale.