« Nous souffrons d’un certain nombre de dépendances aux importations dans plusieurs domaines », a reconnu le ministre de l’Agriculture, le 5 mars devant les députés de la commission de la défense de l’Assemblée nationale. Il était consulté sur la manière dont il évalue la souveraineté alimentaire de la France. Marc Fesneau a listé quatre filières qui sont pour lui les plus concernées par des dépendances aux importations : la filière alimentation animale, en lien avec les importations de soja, « on paye encore l’ouverture qui a été faite il y a 30 ans avec les accords du Gatt » estime le ministre. Les filières des fruits et légumes et de la volaille sont aussi concernées, ainsi que celle de production des engrais azotés.

Les engrais un « sujet stratégique »

« C’est un sujet stratégique, on l’a vu à fois au moment de la crise Covid et pendant la guerre émergente en Ukraine, avec l’envolée des prix et la capacité ou pas à fournir », estime le ministre. « L’engrais est un élément absolument central pour moi, comme les outils de biocontrôle et les semences », a-t-il poursuivi.

Il a annoncé devant les députés qu’un travail serait engagé « cette année » pour construire « un plan de reconquête engrais ». Il a pointé la nécessité d’avoir « des unités qui fabriquent de l’azote » et un travail à faire pour « glisser de l’azote minéral vers l’azote organique ». Ce travail sera confié à la ministre déléguée à l’Agriculture, Agnès Pannier-Runacher.

Réimplanter des usines en France

« Il va falloir qu’on accepte d’avoir des usines qui produisent des engrais [en France] et qu’on travaille pour aller des engrais minéraux vers les engrais organiques », explique-t-il, ajoutant que « les zones où on a besoin d’engrais ne sont pas tout à fait les zones d’élevage » et que cela pose question sur la « rationalité économique du transport d’engrais organique ». Il faut s’attendre à une augmentation des prix de ces engrais, prévient Marc Fesneau.

Sur la question des fruits et légumes, le travail est déjà engagé. Le ministre a récemment dressé un premier bilan du plan de souveraineté fruits et légumes. Il vise à gagner cinq points de souveraineté en fruits et légumes d’ici à 2030, et dix d’ici à 2035.

Marc Fesneau a également cité comme dépendance, mais dans une moindre mesure, celle sur les matières grasses utilisées comme additifs pour l’industrie alimentaire ou encore celle sur la production de matériel agricole.