Alors que les feux de forêt ravagent actuellement l’Amazonie, le codirecteur des programmes de WWF met en cause la déforestation accélérée et l’importation du soja vers l’Union européenne. Pierre Cannet pointe encore, parmi les coupables : « Nos modèles de production et de consommation », au micro de France Info, ce 23 août 2019.
Le Mercosur à l’index
« Être au chevet de l’Amazonie quand on est membre du G7, c’est se remettre en question vis-à-vis des importations de cette région, poursuit-il. C’est se dire que le soja importé en France pour nourrir le bétail est un non-sens. » Il s’agit d’autant plus d’un non-sens pour lui que ces importations « vont être accélérées par le traité du Mercosur ».
L’agriculture « alternative » pour nourrir les troupeaux
« Ce soja qui est cultivé dans les régions du Brésil qui sont actuellement touchées par les feux […], contribue à la déforestation, il nourrit le bétail, alors même que nous avons en France et dans l’Union européenne la possibilité de nourrir autrement notre bétail. » Le WWF met en avant « une agriculture alternative poussée par les ONG et des agriculteurs, mais qui, pour l’instant, ne se retrouve ni dans les décisions du G7, ni dans les textes passés en France, notamment la loi sur l’alimentation ou la loi sur l’antigaspillage, à l’Assemblée nationale en septembre. »
Pour le WWF, la France ne doit pour autant s’isoler du monde mais doit entraîner dans sa marche d’autres acteurs, comme le Royaume-Uni ou encore l’Allemagne. « Ces acteurs mêmes européens, comment au sommet du G7 acteront-ils, collectivement, cet accord du Mercosur qui vise une alliance entre l’Amérique latine et l’Union européenne en matière commerciale ? ».
En manque de garanties
Pierre Cannet dénonce plus précisément l’absence de garde-fous dans ce traité de libre-échange, « qui compromet l’avenir de l’Amazonie et sa biodiversité ». « Sans ces garanties, malheureusement, nous restons dans un modèle de développement habituel du G7. Il n’y a donc pas de remise en question de la production et de la consommation de ces mêmes pays très industrialisés. »
Pour Emmanuel Macron, les feux en Amazonie constituent « une crise internationale » : il donne rendez-vous aux membres du G7 pour « parler de cette urgence » lors du sommet à Biarritz qui se tient du 24 au 27 août 2019, en présence des chefs d’État et de gouvernement des sept pays les plus riches du monde occidental. Il a d’ores et déjà annoncé que la France ne signerait pas l’accord avec le Mercosur.