« En 2019, les quatre pays du Mercosur ont produit près de 13,7 millions de tonnes-équivalent carcasse (tec) de viande bovine, soit un quart de la production mondiale. Cette production est en hausse de 4 % par an depuis 2016, tirée par le Brésil et l’Argentine alors que l’Uruguay et le Paraguay fléchissent de 4 % et de 10 %, respectivement », rapporte Baptiste Buczinski, économiste à l’Institut de l’élevage (Idele) lors d’une visioconférence le 28 mai 2020.
Depuis le début de l’année 2020, les exportations de viande brésilienne et argentine poursuivent leur ascension. « Elles ont augmenté de 4 % sur les quatre premiers mois de l’année au Brésil et de 16 % de janvier à mars 2020 en Argentine », appuie Baptiste Buczinski. Les envois se concentrent majoritairement sur la Chine, de plus en plus friande de la viande sud-américaine. En 2019, 48 % des volumes exportés du Mercosur étaient destinés à la Chine, soit un bond de 41 % par rapport à 2018.
La situation sanitaire se complexifie
Jusqu’à la fin du mois d’avril 2020, le Brésil et l’Argentine ne montraient aucun signe de faiblesse, malgré la pandémie de Covid-19. Le marché en viande bovine est resté ferme, les prix en monnaie locale ont même augmenté. La Chine, pourtant la première touchée par le virus, a poursuivi ses commandes.
Mais depuis, la situation sanitaire se complexifie, notamment au Brésil perçu comme le nouveau foyer de l’épidémie. Les impacts commencent à se ressentir sur la production et l’activité d’abattage. « Les prix des bouvillons brésiliens ont dévissé de 2 % en réal sur la première quinzaine de mai », précise Baptiste Buczinski. À plus long terme, les perspectives du Covid-19 restent difficilement prévisibles. Néanmoins, « la crise économique qui devrait toucher le Mercosur pourrait fortement impacter la consommation domestique et libérer davantage de volumes exportables en 2020. Il reste à voir si le pouvoir d’achat des pays importateurs sera suffisant pour répondre à l’offre mercosurienne en augmentation », poursuit l’expert.
Le bloc sud-américain reste instable
D’autres facteurs pourraient également peser dans la balance, dévaluation monétaire, crises politiques internes, scandales sanitaires… La situation au Brésil et en Argentine est loin d’être stable, et le coronavirus ne vient rien arranger. « Les pays du Mercosur ne sont pas à l’abri de la fermeture du marché chinois. Pour rappel, les exportations australiennes de viande bovine vers la Chine sont stoppées depuis quinze jours, à la suite du positionnement pris par l’Australie à l’Organisation mondiale de la santé, remettant en cause la politique chinoise en matière de prévention du Covid-19 », indique Philippe Chotteau, chef du département de l’économie de l’Idele.