Quelle est l’histoire de l’association Leggo ?
« Tout a commencé en 2017 avec les États généraux de l’alimentation (EGA). Du jour au lendemain, les collectivités sont venues nous voir, élus de Chambres d’Agriculture, pour être approvisionnées en légumineuses françaises. Leurs besoins étaient quasi immédiats, sur des prix bas ou a minima au même niveau que les produits importés. Pour répondre à cette demande soudaine de végétalisation des assiettes, nous avons créé l’association Leggo avec des acteurs intéressés par l’émergence de cette filière. Les producteurs ne doivent pas se lancer seuls sans avoir contractualisé leurs implantations.
Notre ambition était aussi de sensibiliser les collectivités à nos contraintes de producteurs et notre besoin de sécurisation : pourquoi produire français coûte plus cher, qui sont les pays concurrents et pourquoi sont-ils plus compétitifs, pourquoi ne pas choisir local pour la mise en culture de nos légumineuses etc.
Ainsi, nous avons très rapidement mis en place des actions comme « les démonstrateurs de création de filières » du champ à l’assiette. Mon exploitation a été la première à en être, avec des essais en bandes sur une multitude de légumineuses à graines : lentilles vertes, blondes, corail, soja, pois chiche, lupin… Et pour être certain de bien répondre aux attentes, nous avons mené notre projet dans le sens inverse de celui classiquement adopté : de l’assiette vers le champ.
Nos premières récoltes « test » ont été mises à disposition des industriels et de la restauration, par lot de 5-20 kg, pour leur permettre de tester le produit dans leurs recettes. Cette expérimentation s’est achevée par un repas à base de légumineuses, de l’entrée au dessert, dans le restaurant d’entreprise de l’administration et notamment de la Draaf (2) : nous avions bouclé la boucle. »
Quel est votre bilan après ces cinq années d’existence ?
« L’association Leggo, c’est aujourd’hui une cinquantaine de structures adhérentes, sur toute la chaîne de valeur de nos légumineuses à graines. Nous avons réussi à mettre tout ce monde autour de la table, dans un but commun : faire manger des légumineuses pour ce qu’elles sont. Jamais notre objectif n’a été et ne sera d’être en opposition avec les protéines animales : les deux sont complémentaires.
Nous avons aussi réussi à questionner le monde de la semence, pour qu’il travaille davantage à l’amélioration variétale, en particulier sur d’autres critères que les performances de production : tenue à la cuisson, sucrosité, maintien de la couleur… Ces indicateurs sont importants pour les entreprises et collectivités qui transforment ou cuisinent les graines.
L’association elle-même ne produit rien, mais elle est essentielle pour coordonner et structurer le réseau. À titre d’exemple de mise en relation, nous avons mis en place un temps spécifique. Une fois par mois, nous donnons la possibilité à deux structures adhérentes de présenter leur projet du moment, en visioconférence avec les autres membres. On se rend alors compte que ces entreprises, potentiellement concurrentes sur le marché de l’agroalimentaire, se font totalement confiance dans cet espace : nous sommes un facilitateur. »
Les légumineuses créent de la valeur et des emplois (22/11/2024)
Quelles sont les perspectives de développement pour l’association Leggo ?
« Nous allons continuer notre travail de sourcing, de mise en relation entre industriels et de rencontres avec les scientifiques, universités et écoles d’ingénieurs. À ce titre, nous nous investissons chaque année dans le concours étudiant Ecotrophélia, qui récompense notamment des innovations alimentaires.
Nous avons déjà accompagné plusieurs lauréats dans leur développement post-concours, comme la start-up Madame Beans, aujourd’hui hébergée chez un de nos membres. Nous sommes constamment en recherche de personnes et de leurs bonnes idées pour consommer plus et mieux les légumineuses à graines. »
(1) Bretagne, Normandie, Pays de la Loire et Centre-Val de Loire. (2) Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt.