Marius Voeltzel s’est installé à la fin de 2018 aux Thilliers-en-Vexin, dans l’Eure. Au même moment, la conversion en bio de l’exploitation de 167 ha de sa mère Virginie Bernard, les amène à introduire des légumineuses. Ils font le choix de les commercialiser en vente directe. Quatre ans après l’installation de son frère Eliot dans la production d’huiles et de pâtes en 2020, cinq entités juridiques emploient sept UTH (équivalents temps plein) et développent une marque « Pousses de là ».

C’est après deux années dans le management de la production pour Fleury Michon que Marius rejoint sa mère sur l’exploitation familiale à partir de 2016. La conversion en agriculture biologique s’engage en 2017 et les conduit à arrêter la culture de betteraves sucrières. « Dès que nous avons produit des légumineuses, nous avons souhaité les valoriser en vente directe », ajoute l’ingénieur agronome. Retardée par la recherche de financements et les démarches administratives, l’installation de Marius se concrétise en 2018. Elle coïncide avec les premiers semis de lentilles, pois chiche et quinoa.

Une chaine de séchage

Prudents, les Eurois optent pour une conversion en trois fois. « Les légumineuses s’intègrent parfaitement dans notre rotation, apprécie l’agriculteur. Outre la fixation de l’azote, elles constituent un bon précédent pour les cultures d’hiver. Mais nous apprenons encore. Par exemple, pour doser nos mélanges de lentilles associées à de la caméline ou sur les dates de semis des pois chiches. » En moyenne trente hectares sont aujourd’hui valorisés pour les productions commercialisées en direct.

Séchage, nettoyage, triage, inertage par CO2 et ensachage sont réalisés sur la ferme. (© Claire Guyon-Maite)

Entré en fonctionnement dès 2018, un investissement de 800 000 euros permet séchage, nettoyage, triage, inertage par CO2 et ensachage. « Être équipés d’un séchoir est un atout car il faut accepter de récolter les légumineuses humides, confie Marius. En 2024, nos pois chiches étaient ainsi à 18 % d’humidité. » Les outils fonctionnent un mois par an pour les produits de l’exploitation. Au-delà, ils assurent des prestations pour des producteurs locaux et des OS (organismes stockeurs) en bio ou conventionnel, qu’il s’agisse de semences ou de produits destinés à l’alimentaire. Celles-ci consolident les emplois et amortissent le matériel.

Cinq entités juridiques

La marque « Pousses de là » a été créée en 2020 pour valoriser les diversifications de l’exploitation en légumineuses et quinoa. Elle coïncide avec l’installation d’Eliot, sur 11 hectares. Le frère de Marius a développé la transformation d’huile de lin, caméline, colza et tournesol ainsi que des pâtes commercialisées sous la marque. À ce jour, cinq entités juridiques et sept équivalents temps plein assurent l’ensemble des activités. « L’existence de différentes sociétés limite les soucis en cas de mésentente, explique Marius. Nous gagnons nos vies avec nos ateliers respectifs. Pour autant, l’assolement est conduit en commun pour faciliter les rotations. »

60 % des ventes de « Pousses de là » sont réalisées via des magasins bio, distributeurs de produits locaux et épiceries fines ainsi que des magasins de producteurs. La restauration collective représente quasiment 40 %. Passant parfois par des appels d’offres, Marius mise sur les contacts directs avec les établissements. « Il faut prouver que nous sommes irréprochables en termes de qualité », confie l’ancien professionnel de l’agro-alimentaire. L’agriculteur constate que les démarches engagées il y a trois ans commencent à porter leurs fruits et que la demande est croissante.

60 % des produits commercialisés en vente directe le sont par les magasins spécialisés, 40 % par la restauration collective. (©  Claire Guyon-Maite)

Quant à la vente directe via des casiers sur l’exploitation, elle reste anecdotique. Marius résume : « Les cultures me passionnent. Mais quand on a trop de choses à gérer à la fois, il est difficile de préserver le plaisir du travail. Aujourd’hui, mon objectif est de trouver une stabilité. »