Avec l’agrivoltaïsme, la production agricole prime sur la production d’énergie verte
Mais de quoi parle-t-on au juste ? L’agrivoltaïsme est un terme récent, dont l’apparition remonte à 2011. Inventé par Christian Dupraz, de l’Inrae Montpellier, le mot désigne une pratique consistant à associer, sur un même site, une production agricole et, de manière secondaire, une production d’électricité par des panneaux solaires photovoltaïques.
En cela, la technique s’oppose au photovoltaïque « pur », dont le seul objectif est de produire de l’électricité à partir de l’énergie solaire, par le biais, par exemple de panneaux installés sur des bâtiments agricoles. Toute la différence vient du fait qu’avec l’agrivoltaïsme, l’agriculteur vit de ses productions agricoles et non pas de la vente de son électricité. « La production agricole reste au cœur de la démarche agrivoltaïque », insiste Nicolas Tonnet, responsable de l’innovation dans le secteur agricole à l’Ademe.
Une solution adaptée à une grande variété de cultures
Engie Green l’a bien compris. « L’agrivoltaïsme est une solution qui peut s’appliquer à une grande diversité de cultures et en premier lieu les cultures pérennes — arboriculture, vigne, prairies —, mais pas que, précise Aline Chapulliot », responsable des nouvelles offres chez Engie Green.
« Chaque situation est différente, ce qui nous pousse à être innovants mais aussi prudents pour coconstruire la solution la plus adaptée au système d’une exploitation donnée, poursuit-elle. Mais au-delà de cet objectif, c’est bien la production agricole qui prime, quitte à désoptimiser la production d’électricité ! Il n’y a pas de conflit d’usage des terres. Tout est mis en œuvre pour préserver la surface agricole utile. »
Protéger les cultures des aléas climatiques
Dans le contexte global de réchauffement climatique, les dispositifs d’agrivoltaïsme peuvent également avoir pour vocation de protéger les cultures des aléas. « Sur vergers, le premier enjeu de ces installations est la protection de la production face aux accidents tels que la grêle, les gels tardifs, dont le gel noir. Par ailleurs, la mise en place de persiennes photovoltaïques offre un ombrage pilotable bénéfique à la plante qui souffrira moins des pics de chaleur et du stress hydrique », souligne Sophie Stévenin, responsable de la station expérimentale Sefra sur fruits à noyaux.
Des résultats encourageants avec les prairies
En élevage aussi, les développements de l’agrivoltaïsme sont prometteurs. Comme en témoignent les essais mis en place en Auvergne-Rhône-Alpes sur prairies naturelles par les chercheurs de la ferme expérimentale de l’Inrae située à Laqueuille. Catherine Picon-Cochard, directrice de recherche à l’Inrae, explique : « Une partie des prairies pâturées par des ovins a été équipée de panneaux photovoltaïques. Et on ne peut que constater que l’agrivoltaïsme crée des synergies intéressantes. En période estivale notamment, l’herbe est plus verte sous les panneaux. Et au début du printemps, les espèces fourragèrent repoussent mieux. Quant au fourrage ingéré, il est aussi de meilleure qualité. »
Des dispositifs étendus aux grandes cultures demain
Aujourd’hui, si les premiers pas de l’agrivoltaïsme dans l’Hexagone sont prometteurs et que la technique a su séduire une cinquantaine d’agriculteurs en France, les officiels et les instituts continuent leurs recherches pour optimiser les dispositifs. Inrae, chambres d’agriculture et Ademe, tous multiplient leurs expérimentations en les étendant à l’ensemble des filières de production : viticulture, grandes cultures, élevages.
Engie, de son côté, n’est pas en reste. Initialement lancé sur prairies, le projet Camélia, sur lequel l’entreprise travaille avec l’Inrae, sera étendu aux grandes cultures par le biais d’un dispositif de panneaux solaires bifaciaux verticaux, implantés de telle manière qu’ils n’handicapent pas le travail des céréaliers.
> Accédez gratuitement au replay du webinaire « Combiner production agricole et production d’énergie verte : prêt à vous engager dans l’agrivoltaïsme ? »
Dans ce webinaire d’une heure, vous retrouverez :
- Catherine Pichon-Cochard, directrice de recherche de l’Inrae ;
- Sophie Stévenin de la chambre d’agriculture de l’Auvergne-Rhône-Alpes ;
- Aline Chapulliot d’Engie Green ;
- Nicolas Tonnet de l’Ademe.
Ces quatre experts apporteront des réponses aux questions suivantes :
- Qu’est-ce que l’agrivoltaïsme ?
- Quels sont les enjeux ?
- Quelles techniques et quels équipements sont aujourd’hui disponibles et pour quelles productions ?
- Et enfin, quels sont les bénéfices pour vous, agriculteur ?