Dix ans après l’accord de Paris, la COP 30 qui se déroulait à Belém au Brésil était très attendue. Samedi 22 novembre 2025, après deux semaines de discussions, le sommet pour le climat a pris fin. La conférence des Nations unies sur le changement climatique a adopté un accord et plusieurs engagements volontaires ont vu le jour. Sur le méthane ou sur l’aide à l’adaptation climatique renforcée, voici ce que l’agriculture peut retenir de cette réunion d’envergure mondiale.
Réduire la pollution carbone
Globalement, la COP 30 s’aligne sur le lancement d’une « initiative volontaire » pour les pays qui souhaitent collaborer pour une réduction accrue de leurs émissions de carbone afin de limiter le réchauffement climatique à + 1,5 °C par rapport au XIXe siècle. De plus, pour la première fois, pendant trois ans, les tensions commerciales mondiales vont faire l’objet d’un « dialogue » dans l’enceinte des négociations climatiques.
Hors des décisions officielles, le Brésil a lancé un fonds d’un nouveau genre pour protéger les forêts. Ce dernier sera investi sur les marchés et les gains serviront à rémunérer les contributeurs et les pays en développement, selon le nombre d’hectares de forêts effectivement protégées.
En ce qui concerne le domaine agricole, la conférence des Nations unies sur le changement climatique souhaite tripler l’aide à l’adaptation climatique. Cela pourrait signifier un objectif de 120 milliards de dollars par an. Cet argent servirait par exemple à relever les routes, renforcer les bâtiments contre les tempêtes ou encore préparer l’agriculture aux sécheresses.
Plusieurs engagements volontaires de pays ont aussi été évoqués concernant le méthane, deuxième plus important gaz à effet de serre après le dioxyde de carbone (CO2). En effet, les scientifiques s’accordent à dire que diminuer drastiquement les émissions de méthane permettrait d’agir efficacement contre le réchauffement de la planète.
Un accord « déplorable » et « affligeant »
Dès l’ouverture de la Cop30, lundi 10 novembre, la Confédération paysanne, troisième syndicat français, était présente au Brésil. Jean Thévenot, agriculteur basque, était sur place, avec le réseau Via Campesina, pour revendiquer « la justice sociale et climatique pour tous les peuples et pour l’ensemble des paysannes et paysans du monde ».
Jean Thévenot qualifie l’accord d’« inutile », « déplorable » et « affligeant ». « Je ne m’attendais pas à mieux mais je suis tout de même déçu, ironise-t-il. Face aux épisodes de sécheresse ou inondations à répétition, aujourd’hui il faut être fou ou aveugle pour nier qu’il n’y ait pas de changements climatiques. » Selon lui, les solutions proposées par l’accord signé à Belem « ne font pas sens », voire sont « contre-productives ».
De son côté, le syndicat Jeunes agriculteurs, ne désire pas avoir de réaction « négative, ni positive » concernant la Cop30. De ce fait, Maxime Buizard-Blondeau, vice-président de l’organisation syndicale, préfère pointer du doigt la politique nationale. « C’est bien les grands sommets mais encore faut-il être exemplaire au niveau national », lance-t-il.
L’agriculteur originaire du Loiret considère qu’en France « on ne met pas assez les moyens pour s’adapter aux changements climatiques ». Par exemple, selon lui, « il n’existe pas de vraie politique pour le stockage de l’eau ».
« La COP 30 s’est concentrée plus que jamais sur la transition économique »
Monique Barbut, ministre de la Transition écologique, parle d’un « accord sans ambition » mais pas d’un « mauvais accord ». Pourtant selon elle, le consensus trouvé serait en deçà des attentes des pays européens.
Si la France manifeste sa déception, l’Union européenne dénonce le projet d’accord proposé par la présidence brésilienne de la conférence de l’ONU sur le climat au Brésil. « C’est loin de l’ambition dont nous avons besoin. Nous sommes déçus par le texte », a déclaré le commissaire européen au Climat, Wopke Hoekstra, dans un communiqué transmis à l’AFP.
« La COP 30 s’est concentrée plus que jamais sur la transition économique », selon Ani Dasgupta, président-directeur de l’organisme non lucratif de droit américain, World Ressources Institute. Du côté des associations françaises, l’organisation environnementale Réseau Action Climat considère que la COP 30 de Belém n’a pas été à la hauteur sur l’ambition climatique. « C’est une occasion manquée majeure », considère-t-elle.