Alors que la Cop 30 démarre à Belem (Brésil) ce 10 novembre 2025, le Programme des Nations unies pour l’environnement vient de dresser un bilan alarmant sur l’atteinte des objectifs de l’accord de Paris en termes de réchauffement climatique.
Pour rappel, cet accord signé en 2015 imposait aux nations de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre pour limiter à + 1,5, voire + 2 °C le réchauffement planétaire au cours du siècle.
Le seuil de + 1,5 °C « inévitable »
Selon l’ONU, les projections du réchauffement climatique pour ce siècle sont désormais de + 2,3 à + 2,5 °C. L’an dernier, le rapport prévoyait un réchauffement de 2,6 à 2,8 °C. L’amélioration de 0,1 °C prévue pour cette année est principalement liée au retrait des États-Unis de l’accord de Paris.
« L’ampleur des réductions à réaliser (55 % des émissions de 2019 d’ici 2035) et le temps imparti pour les mettre en œuvre dans un contexte politique difficile impliquent probablement un dépassement important du seuil [de 2 °C] », alerte l’ONU.
« Les scientifiques nous disent qu’un dépassement temporaire de 1,5 °C est désormais inévitable – à partir, au plus tard, des années 2030 », rapporte Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU.
Croissance des émissions
Actuellement, les six plus grands émetteurs de Ges sont la Chine, les États-Unis, l’Inde, l’Union européenne, la Fédération de Russie et l’Indonésie. Toutes ces nations, à l’exception de l’Union européenne ont connu une augmentation de leurs émissions en 2024.
L’ONU somme les pays de G20 et plus particulièrement les pays les plus émetteurs de prendre part à l’ouvrage. Leurs émissions (hors Union africaine) représentent 77 % des émissions mondiales. Ces dernières ont augmenté de 0,7 % en 2024.
À l’échelle mondiale, les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 2,3 % en un an. Une croissance annuelle quatre fois supérieure à celle des années 2010.
Le secteur agricole représente 11 % des émissions annuelles. Entre 2023 et 2024, le défrichement de la forêt primaire pour un usage agricole (soja, élevage bovin, huile de palme) a augmenté de 14 %.
Par ailleurs, un rapport de l’OCDE paru le 6 novembre 2025 rappelle que les sécheresses enregistrées en 2024-2025 ont détruit près de 2,5 millions d’hectares de céréales. L’Argentine, le Brésil et le Costa Rica ont enregistré un assèchement des sols compromettant leurs capacités exportatrices.
Des fortes exigences
Pour contenir le réchauffement climatique à + 2 °C, les émissions de gaz à effet de serre de 2030 devraient diminuer de 25 % par rapport à celles de 2019 et de 40 % pour le limiter à + 1,5 °C. Des objectifs ambitieux à tenir en seulement cinq ans.
Chaque pays signataire de l’accord de Paris doit réaliser un plan d’action climatique, appelé contribution nationale déterminée (CDN). L’OCDE souligne que seulement 17,7 % des émissions mondiales sont actuellement visées par des engagements nationaux de neutralité carbone. Au 30 septembre 2025, seuls soixante pays ont soumis ou annoncé leur CDN avec des objectifs d’atténuation pour 2 035.
« La mise en œuvre de toutes les CDN permettrait de réduire les émissions mondiales prévues en 2 035 d’environ 15 % par rapport à 2019 », pointe l’ONU. Des chiffres bien en deçà des 55 % de réduction nécessaire pour limiter le réchauffement climatique à + 1,5 °C.