« L’an passé, la consommation de viande porcine a progressé de près de 2 % par rapport à 2021, tandis que la production a diminué dans les mêmes proportions. En conséquence, les importations ont progressé de 3,4 % sur les dix premiers mois », résume Thierry Meyer, président d’Inaporc, l’interprofession porcine, lors d’une conférence de presse le 15 février 2022, à Paris.

« Autosuffisance en érosion »

L’an passé, le taux d’autosuffisance de la France en viande porcine s’est établi à 103 %, contre 105 % en 2021. Pour 2023, les professionnels de la filière se disent inquiets, et prévoit une importante diminution de la production porcine. « La baisse de 2,6 % du cheptel de truies enregistrée en 2022 va produire ses effets cette année », avance Thierry Meyer.

Car l’an passé, « les éleveurs ont produit sous le seuil de rentabilité », souligne François Valy, vice-président d’Inaporc. La bonne tenue actuelle du cours du porc suffit à peine à compenser l’envolée du coût de l’aliment (395 €/t en décembre 2022, contre 240 €/t en janvier 2020). « Les producteurs avaient coutume de dire qu’avec un prix du porc à 2 €/kg, ils seraient riches. Or même à 2,10 €/kg, nous sommes aujourd’hui loin de l’être. On a perdu nos repères. »

Charcutiers en danger

L’amont n’est pas le seul maillon en difficulté. Prix des matières premières, énergie, main-d’œuvre, transport, emballages… Les entreprises de charcuterie et de salaison subissent également une hausse généralisée de leurs coûts de production. « C’est une situation sans précédent, souligne Bernard Vallat, président du syndicat des entreprises françaises de charcuterie traiteur (Fict). Un tiers de nos adhérents vont devoir diminuer leur activité avec des licenciements à la clé. Et cela va encore s’aggraver. »

Dans le cadre des négociations commerciales en cours, la Fict demande aux acteurs de la distribution d' « accepter de prendre en compte l’ensemble des surcoûts » pour préserver la viabilité de ses adhérents. Et de préciser — en s’appuyant sur l’Observatoire de la formation des prix et des marges — que « l’évolution des marges se fait depuis plusieurs années au profit des distributeurs et au détriment en particulier des entreprises de charcuterie. »